Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/163

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passons ainsi, passage non moins aventureux que l’était naguère celui du Pont-Saint-Esprit.

En face de nous est un vaste couvent. Y travaille-t-on pour le ciel ou pour la terre, en d’autres termes, contient-il des moines ou des fabricants ? C’est ce que je ne saurais dire.

À trois heures, nous approchons de Schaffouse. Jolie vue derrière et devant. Des vignes à droite sur toute la rive. À gauche, des arbres verts.

À peine débarqué à Schaffouse que je me réserve de voir au retour, je prends l’omnibus qui conduit à la chûte du Rhin. La route est très-accidentée et, en raison de la montée, demande une demi-heure. On a une très-belle vue à gauche, et je reconnais la place où je me suis promené avec mes frères en 1815. Depuis quarante-quatre ans, rien n’y est changé ; mais il n’en est pas de même à la chûte : on y a bâti, il y a environ vingt ans, un bel hôtel dont le nom, Scheweizerhof, est difficile à prononcer pour un Français. Heureusement que celui du maître, F. Wegenstein, l’est un peu moins. De la maison, placée sur la cime de la montée, on domine le fleuve et le paysage.

En entrant dans le salon, je fus frappé de la magnificence du spectacle : c’est de ce point et de la terrasse qui est devant que la chûte apparaît dans toute sa splendeur. En face est le château de Laufen, nommé aujourd’hui la maison Brulrr, nom du peintre qui l’a acheté et réparé, et qui a obtenu du gouvernement l’autorisation de percevoir un franc sur chaque visiteur étranger, et soixante centimes sur le visiteur suisse. Le nombre de ces voyageurs s’élève annuellement de