Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/169

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pas vue, mais riche de plus de vingt mille volumes, parmi lesquels on en compte de très-précieux. On cite comme une curiosité le fort Unnoth ou Sans nécessité, car il fut bâti, non pour l’agrément ou la défense de la place, mais pour donner de l’ouvrage aux pauvres. On aurait mieux fait de construire un hôpital.

Je continue ma route vers Zurich ; j’y arrive sans avoir même vu par où je passais, car, vaincu par la fatigue d’une mauvaise nuit, je m’endormis et ne me réveillai qu’à la gare d’arrivée. Je descends à l’hôtel Billatz où j’avais déjà logé.

Mon premier soin fut d’aller aux informations sur le voyage de la duchesse, et savoir si elle était revenue de Breghens (Autriche) où elle était allée voir ses filles qui y sont en pension. On me dit que son ministre, le marquis Pallavicino, parent éloigné de M. Pallavicino-Trivulce, est en ce moment à Zurich. Je lui écris. On me rapporte ma lettre en me disant qu’il n’y est plus. Découragé, je suis au moment de partir pour Bâle, d’y prendre la voiture de Mulhouse et de rentrer en France. Jamais visite ne m’a donné plus d’embarras.

Cependant je me ravise ; le temps étant redevenu beau, vers une heure je m’embarque sur le vapeur qui va à Rapperschwyl.

Ce que je remarque d’abord sur le pont est un gros et grand curé aux joues fleuries. Comme il avait une mise soignée et quelqu’apparence d’un abbé de cour, le croyant attaché à celle de la duchesse, je lui demande si elle est de retour à Rapperschwyl. Il me répond assez peu poliment qu’il n’en sait rien.

Notre conversation finit là, et je pus alors, sans dis-