Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Du château de Mayenberg, le 25 septembre 1859,
« cinq heures après midi.

« S. A. R. Madame la Duchesse me charge de vous dire qu’elle vous recevra ce soir à six heures et quart, heure de son dîner.

« Le comte Douglas-Scotti.

« À M. J. B. de Crèvecœur de Perthes, hôtel du Lac, à Rapperschwyl. »

Était-ce une invitation à regarder dîner ou à en manger ma part ? Telle était la réflexion que faisait piteusement mon appétit en regardant la soupe servie, quand, retournant la carte de visite portant ce nom : le marquis Pallavicino (c’était le ministre auquel j’avais écrit), je trouvai ces mots : « À M. Boucher de Crèvecœur de Perthes, qui recevra avec la présente une invitation à la table de S. A. R. pour ce soir. » Ceci résolvait la question, mais l’invitation était pour six heures un quart, il en était six, et si j’avais fait ma barbe, il me restait à m’habiller de pied en cap et faire deux kilomètres à pied, car, à cette heure, pas d’espoir de trouver une voiture.

La Providence vint encore à mon secours. Le ministre, me dit-on, était là, et on me le montre dans la salle où des dames, avec lesquelles il causait, dînaient à une autre table. Je fus à lui, le remerciai de sa visite et lui posai mon embarras. Il me dit de venir comme j’étais. Je m’y refusai. Je fis un saut jusqu’à ma chambre, et en un quart-d’heure j’étais en habit, linge blanc, et paré de la tête aux pieds. Il fut surpris de ma métamorphose et me dit qu’il regrettait de ne pas