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a fait plaisir de faire la connaissance de MM. Hudon et Chs. Drapeau, deux braves citoyens de l’endroit.

Nous entendîmes hier la grande messe à Hébertville, et, après l’office divin, le député du comté, M. Beaudet, prit la parole pour remercier les électeurs de l’avoir élu unanimement et sans même le connaître. Ce monsieur était à son début sur un husting, et il a fait sur ses auditeurs une impression à laquelle il n’osait s’attendre.

Laissant de côté les questions de parti, il parla chemin de fer en homme pratique, et la franchise de ses déclarations comme sa parole claire et précise lui attirèrent de suite les chaudes sympathies de son auditoire.

À la demande de M. Beaudet, il me fallut dire quelques mots à la foule, mais ce n’était pour moi que le prélude de ce qui devait m’arriver à St. Jérôme et à St. Louis dans cette même journée. Mon gai compagnon de route voulait me faire expier sans doute le plaisir avec lequel j’avais accepté sa gracieuse invitation de l’accompagner dans son voyage.

Il me tardait de contempler les eaux du grand lac que les indiens appelaient Peaguagomi qui signifie « lac plat. » Après dîner nous laissâmes Hébertville pour St. Jérôme, et sur la route nous eûmes à franchir des côtes d’une longueur dont on n’a pas d’idée à Montréal ou à St. Hyacinthe ; mais en revanche je remarquai de beaux champs de blé.

Ces immenses ravins qui ont quelquefois deux à trois cent pieds de profondeur sont le résultat du grand bouleversement intérieur qui, dans les âges passés, creusa le Saguenay pour donner passage aux eaux du lac St. Jean dont la circonférence devait être alors de près de 100 lieues.