Page:Boucher de la Bruère - Le Saguenay, lettres au Courrier St. Hyacinthe, 1880.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
18

charmante demeure, et nous nous reposons des fatigues de la route en contemplant le paysage.

Nous sommes à 23 lieues de Chicoutimi et, malgré cette distance, la colonisation fait ici de rapides progrès. Le sol de cette contrée est excellent et la moisson a une belle apparence. En 1878, il s’est récolté ici 7000 minots de blé et 14000 minots d’autres espèces de grains et c’est une des paroisses du lac qui promet le plus.

La Pointe Bleue possède à l’embouchure de la rivière Ouiatchouanish, un excellent pouvoir d’eau avec un moulin à scie la propriété de M. Jam.

Sur la même rivière et un peu plus à l’intérieur, mais sur le grand chemin, il y a un autre pouvoir d’eau magnifique sur lequel ses propriétaires, MM. Horace Dumais et E. Maynard, ont fait construire un superbe moulin à scie qu’il nous a fait plaisir de visiter. La chute est considérable et l’eau abondante.

Nous ne fîmes que passer à la Pointe Bleue, en allant, notre intention étant de coucher à St. Félicien, sur les bords de la rivière Ashuamouchuan.

Près de la Pointe est située la réserve des Sauvages, sur les rives du lac. Les Indiens possèdent une chapelle, mais à cette saison de l’année ils sont tous absents.

À peu près aux deux tiers de cette réserve se trouve une colline connue sous le nom de “ cran des sauvages. » De cette hauteur la vue découvre une plaine immense, parfaitement unie, et mes compagnons et moi nous débarquâmes de voiture pour contempler ce riche domaine. À nos pieds s’étendait la belle et fertile paroisse de St. Prime, et c’est alors surtout qu’on s’extasia sur la grande vallée du lac St. Jean et les ressources qu’elle peut offrir à l’agriculture.