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Quand cette vallée sera défrichée, le Père Lacasse n’hésite pas à dire que de ce promontoire l’œil nu pourra contempler les clochers de 40 églises élevées de toutes les parties du lac à la gloire de Dieu.

Saint Prime est une paroisse d’avenir et j’ai été frappé de la beauté de son sol Des colons venus pauvres en cet endroit il y a quelques années sont déjà relativement à l’aise. Un des braves cultivateurs de la localité, M. Théodore Caouette, me disait qu’il était arrivé à St. Prime en 1873, sans ressources aucunes, et après avoir été obligé d’emprunter $10.00 pour commencer ses travaux. Il a semé ce printemps 35 minots de grain et il espère récolter 18 minots pour un. Il dit qu’aujourd’hui, après 7 ans de travaux, il vaut de $1500 à $2000. N’est-ce point là un résultat magnifique ?

De St. Prime nous nous rendîmes à St. Félicien, dans le township Demeules, situé sur les bords de la Chamouchouane, ou Ashuapmouchouan, qui, à cet endroit, a une largeur de 12 arpents.

Ce nom indien de Chamouchouane signifie « là où l’on guette l’orignal. » C’est une belle et grande rivière qui a été explorée à plus de cent milles de son embouchure, Malheureusement elle possède des rapides qui l’empêchent d’être navigable. Vis-à-vis St. Félicien, le lit de la rivière est parsemé de roches de différentes grosseurs et qui ont dû être charroyées par les courants à la débâcle des glaces. L’eau était tellement belle et limpide que je ne crus pas devoir me refuser la satisfaction d’y prendre un bain.

Nous avons couché chez un M. Boivin qui a exploré avec les arpenteurs tous les townships des alentours et fait le rapport le plus favorable sur la qualité de la terre.