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SIXIÈME LETTRE.

St. Alphonse, 28 août.

Je suis arrivé la nuit dernière ici en compagnie de M. Beaudet, par une pluie battante et une noirceur de loup. Il nous a fallu beaucoup de précautions pour côtoyer les précipices qui bordent la route de Chicoutimi à Saint Alphonse et descendre dans des cavités que Dante a dû visiter avant d’écrire sa divine comédie. Heureusement que nous arrivions à bon hôtel, car, il est difficile d’être reçu avec plus d’égards et de cordialité que je l’ai été par le curé de l’endroit, le Révd. M. Beaudet.

Saint Alphonse est déjà une ancienne paroisse, et compte environ 2,000 habitants. ’C’est au printemps de 1838 qui y arriva la première expédition d’une société de canadiens de la Malbaie, formée dans le but de faire le commerce de bois, et en 1839 y fut donnée la première mission. Trois ans après un prêtre vint y résider, et la Grande Baie est le premier endroit du Saguenay où fut établie une cure.

Le sol est bon et d’excellents pâturages permettent d’élever un grand nombre de bestiaux. On y a récolté l’année dernière près de 15 mille minots de blé, 22 mille minots d’avoine et 27 mille minots de patates. C’est la paroisse du Saguenay où il se récolte la plus grande quantité de bluets, et lorsqu’on se rend de St. Alphonse à Notre-Dame de Laterrière, on en voit des champs d’une étendue considérable. La vente des bluets, il y a 4 ans, a rapporté la jolie somme de $19,000.