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retourner à domicile, comment peut-on croire que l’agriculture puisse prospérer et qu’une industrie quelconque puisse s’implanter dans des endroits aussi reculés ? La conséquence est que le colon est obligé de vendre le surplus de sa consommation à vil prix au marchand. Il est facile de comprendre sous quel désavantage se trouve le malheureux cultivateur qui est obligé de parcourir une distance de 20, 40 ou 60 lieues aller et retour pour opérer la vente de ses produits au centre le plus proche.

En 1877 il est descendu 7000 minots de blé du lac St. Jean à Chicoutimi, et 6000 minots en 1878. C’est peu si on songe à l’étendue du territoire ; il n’est guère facile qu’il en soit autrement si on songe à la distance à parcourir.

Depuis notre départ de St. Alphonse, le Samedi, pour l’intérieur du pays, jusqu’au jeudi suivant à notre arrivée à Chicoutimi, il a été impossible à notre parti d’excursionnistes de recevoir la moindre nouvelle de ce qui se passait même à Québec ou à Montréal ; point de journaux pour nous renseigner, point de télégraphe pour nous apprendre les événements quotidiens, et nous étions dans une complète ignorance de tout ce qui se passait dans le monde.

Cela me rappela naturellement les commencements pénibles des défrichements dans les townships de l’est, et en particulier de ce qu’on appelait « les bois francs. » Je me disais à quoi sont dus les progrès qui ont été réalisés depuis 40 ans, dans le grand espace compris entre Drummond et Lotbinière d’un côté, et Stanstead et la Beauce de l’autre ? Évidemment aux voies de communication, et spécialement à la construction du chemin de fer du Grand Tronc. Les comtés de