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Page:Bouchette - Robert Lozé, 1903.djvu/112

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ROBERT LOZÉ

— Un bain de boue alors. Il y a des gens qui apprécient ce genre d’ablution, dit le jeune homme en se levant paresseusement.

— Comment ! Des bains de boue !

— Je devrais plutôt dire de vase, comme celle qui s’étend au bas de ce quai.

— Mais c’est abominable. Où fait-on cela ?

— Dans les centres de civilisation raffinée, à Paris, à New-York, je crois. On fait venir cette vase à grands frais, on y enterre les patients jusqu’au cou dans des baignoires spéciales. C’est hygiénique, paraît-il.

— Pouah !

Robert prend en riant la jumelle des mains d’Irène et se met à son tour à scruter l’horizon.

— Les voilà, fait-il au bout d’un instant.

— Où donc ?

— Au large de la pointe, à gauche. Ce sont bien eux.

Irène regarde à son tour.

— Mais ils gagnent le nord, dit-elle.

— Non ; ils louvoient. À la prochaine bordée, ils entreront ici. La marée est maintenant assez haute.

En effet, le vaisseau qu’observent les jeunes gens a viré au moment où ils parlent et s’incline maintenant au vent sur sa bordée de tribord. Il approche rapidement. Déjà on peut mieux le distinguer. C’est un de ces yachts de dimensions considérables et de construction moderne, dont les lignes sont une combinaison harmonieuse de science et d’élégance, qui glissent et manœuvrent sur la mer avec la grâce et la rapidité des mouettes. Bientôt, sous l’énorme voilure, on distingue le bordage lisse de la carêne blanche et la menue ligne bleue qui marque le plat-bord.

Comme il file ! Il va s’échouer dans la boue. Non. Un vigoureux coup de barre et le yacht donne vent devant, l’aire se ralentit, la voile tombe, l’ancre a mordu au fond, et