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Page:Bouchor - Les Poëmes de l’amour et de la mer, 1876.djvu/324

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Des hommes dans le vent hurlaient échevelés,
Des sorcières passaient et chevauchaient les nues,
Et quand le soir tombait plein d’horreurs inconnues,
Un souffle m’enlevait jusqu’aux cieux étoilés.

La mer avait des voix terribles et profondes
Qui me bouleversaient et me faisaient pâlir ;
Dans des rêves sans fin je me sentais mourir
Et je roulais parmi le tourbillon des ondes.

J’avais saisi le verre à mes lèvres tendu ;
Je buvais, chancelant d’une ivresse sublime, —
Et la nature était un effrayant abîme
Sur lequel se penchait mon esprit éperdu.




Ah ! quand mon cœur blessé d’une douleur cruelle,
Se sentant las d’aimer pour la première fois,
S’était réfugié vers sa mère immortelle
Croyant trouver la paix à l’ombre des grands bois,