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Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/131

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Et moi, désespéré, chaque jour je succombe.
Accablé de remords sans avoir fait le mal,
En vain purifié par le sang baptismal
Qui coule à larges flots de mes propres blessures,
Meurtri par vos fureurs, souillé par vos luxures,
Ainsi que vous le long de vos âpres chemins
Je me traîne, et j’étends mes misérables mains
Vers Celui qui vous juge, afin que sa justice
Au lieu de vous frapper sur moi s’appesantisse.
J’appartiens tout entier, mon fils, à la douleur.
De vos cruels tourments je moissonne la fleur ;
Je m’en repais. Mais vous, abrégez mon supplice !
Faites le bien ! Je veux épuiser ce calice :
Tant que vous souffrirez, pauvres êtres, mes yeux
Ne verront point la gloire et la beauté des cieux ;
Tant que le mal vivra, je ne serai point digne
De savourer les fruits de ma céleste vigne. »

Voilà ce que dit le Sauveur.
En l’écoutant parler, mon âme, tu tressailles ;
Tu voudrais par le sang sceller tes fiançailles ;
Tu n’es que joie et que ferveur….