Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/164

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II

Le bleu tendre du ciel m’envahit et me noie.
J’aspire lentement la fraîche odeur des prés ;
Le jour grandit ; là-bas, sur les champs diaprés,
Un vol de papillons tournoie.

Le peuplier frémit près du svelte bouleau.
Voici que le soleil jette sur la rivière
Un filet magnifique aux mailles de lumière,
Qu’on voit étinceler dans l’eau.

Elle fuit en chantant, l’onde bleue et dorée…
Est-ce mon chaste amour qui me trouble le cœur ?
Est-ce de vie éparse et d’heureuse langueur
Que j’ai toute l’âme enivrée ?

Je vois briller, au bout des brins d’herbe tremblants,
Le bronze étoile d’or des brusques cicindèles,
Et tournoyer dans l’air, avec un frisson d’ailes,
La neige des papillons blancs.