Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/165

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Nulle pensée en moi ; plus qu’un songe extatique…
Merles et loriots sifflent à pleine voix ;
La caille au chant lointain du rossignol des bois
Mêle son courcaillet rustique.

Un tourbillon d’amour emporte sous mes yeux
Des couples frissonnants de libellules frêles.
Les fleurettes d’argent qui s’admirent entre elles
Ont leur petit cœur tout joyeux.

Mon âme par de bleus chemins s’en est allée…
Suis-je un nuage ? un souffle ? une vague chanson ?
Sur le trèfle incarnat, sur la haute moisson
Plane ma rêverie ailée.

Les beaux papillons blancs m’effleurent dans leur vol ;
Mon cœur contre la terre amoureuse tressaille ;
Et j’entends se mêler le doux chant de la caille
Aux trilles d’or du rossignol.