Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/166

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III

Sauvage Enfant, dont l’arc redoutable flamboie,
Toi dont les flèches d’or vont percer les oiseaux,
Tu triomphes, ton souffle est entré dans mes os,
Et tu ris de l’extase où mon âme se noie !

Mais, bien que le beau ciel palpite dans sa joie,
Bien que le vent se pâme en frôlant les roseaux.
Je te fuirai, seigneur de la terre et des eaux,
Cruel Enfant, à qui les mondes sont en proie !

Parle aux bêtes des champs, des forêts et des mers ;
Mais que l’âpre désir et les songes amers
Ne viennent point troubler un cœur qui te renie.

Je ne convoite plus tes voluptés d’un jour.
Pour étancher ma soif de tendresse infinie,
Je veux l’Amour et non l’image de l’Amour.