Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/188

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III

Tels, brillent dans mes yeux que le rêve sature
Un siècle de justice et la race future.
Mais, parce qu’au delà de mon heure emporté
Je contemple ardemment la grande Humanité,
Toi, France, ne crois pas que mon âme avilie
Pour cette vision resplendissante oublie
Son devoir le plus saint et son plus juste orgueil.
Si je n’exhale point, quand tu vis dans le deuil,
Mon douloureux amour pour la France meurtrie,
C’est par une pudeur digne de toi, Patrie !
Terre des paysans laborieux et durs,
Si robuste, aux cheveux de fleurs et d’épis mûrs,
Je sens bien circuler en moi ta forte sève.
Non, je n’oublierai pas pour le plus vaste rêve
Celle à qui je dois tout, celle qui me nourrit
De son lait généreux et de son noble esprit.