Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/199

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Je croyais découvrir ce que j’ai tant cherché.
« Vis sans remords, disais-je ; il n’est point de péché.
Celle qui vous créa n’est jamais assouvie
De bruit et de clarté, de tumulte et de vie.
Bien qu’elle vous dédaigne, et que ses calmes yeux
Contemplent loin de vous un but mystérieux,
Aime cette Nature aux ruses féminines
Qui triomphe de tout par les formes divines. »

J’ai vu s’évanouir ces rêves éclatants,
Suscités par l’esprit des races et des temps.
J’en souffre : leur départ m’attriste comme un blâme.
Tous eurent leur beauté ; tous manquent à mon âme ;
Et je me suis armé d’un courage cruel
Pour étouffer en moi l’espérance du ciel.
Ah ! peut-être que sous d’impénétrables voiles
Un juste Dieu respire au delà des étoiles,
Et que ces mêmes yeux, aveugles aujourd’hui,
Pendant l’éternité se repaîtront de lui !
Mais il faut renoncer à des efforts stériles.
Si je ne suis point fait pour les luttes viriles,
Je me sens soulever par de nobles élans ;
Et je marche, guéri de mes songes troublants.