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Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/243

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XII

Je rêve à toi, couché sur la haute falaise,
A l’ombre d’un pommier, le long du seigle mûr.
La mer, rosée encore et du plus tendre azur,
Frémit comme une vierge au soleil qui la baise ;
La mer à peine bleue, et rose de l’éveil,
Laisse errer sur son corps les lèvres du soleil.

Je rêve que je vois planer deux nobles cygnes.
Ils suspendent leur vol en palpitant un peu ;
L’air exquis du matin les pénètre de bleu ;
Et je regarde, avec mes prunelles indignes,
Dans le jour grandissant le pur saphir des eaux
Azurer de reflets ces merveilleux oiseaux.

Je rêve que je vois deux Esprits de lumière,
Paisibles, s’approcher de la terre en rêvant.
Leurs chastes robes d’or tourbillonnent au vent.
Un parfum de bonté, de grâce, de prière,