Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/250

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UNE VOIX

O Jésus, il est donc bien cruel de mourir ?


LE CHRIST

Tous, ils dorment. Le cœur se lasse de souffrir…
Trois disciples m’avaient suivi. « Priez », leur dis-je.
Mais leurs yeux, que n’a pas fascinés un prodige,
Se sont appesantis ; et, dans leur simple foi
Qui méprise le doute et s’abandonne à moi,
Ils rêvent de couvrir la terre de merveilles.
Jamais ils n’ont connu le tourment de mes veilles.
Cette nuit, mon angoisse est pire que la mort ;
Et Jean, mon bien-aimé, ne le sait pas : il dort.


LA VOIX

Homme, auprès de ton Dieu ta place est déjà prête.
Celui qui ne sut pas où reposer sa tête,
Bientôt, resplendissant comme sur le Thabor,
Entrera dans la gloire au chant des harpes d’or.


LE CHRIST

J’écoute murmurer les oliviers antiques
Dont le vent fait frémir les rameaux prophétiques.