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la toile ou le panneau qu’il entoure. Notre inconséquence c’est de copier ce cadre magnifique, de le dorer, de l’incruster d’argent ou de pierres précieuses, et d’y loger le chef-d’œuvre de maître Gallimard.

La bibliothèque d’un amoureux des livres n’est pas un salon aristocratique, où l’on n’est reçu que sur brevet de gentilhommerie. L’homme qui lit ses livres les accepte de tous endroits un peu. Il a tout aussi bien le simple que le précieux, son cabinet est une république avec adjonction des capacités aux illustrations patriciennes. Mais il a le tact suprême des nuances ; il sait que tel, accoutré en marquis poudré ferait triste figure, que tel autre, affublé d’un bourgeron serait ridicule. Son art consistera donc à rendre à chacun les honneurs qui lui sont dus, sans intervertir les rôles, et surtout sans donner le même rang ni la pareille allure aux uns et aux autres.

Devant que d’envoyer au relieur les amis nouveaux recueillis de droite et de gauche, le collectionneur leur fait subir un long interrogatoire. Il réserve aux fantaisies luxueuses ceux qui d’avance se sont munis de coquetteries, les gen-