Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mille et mille fois et te remercier de ce que tu m’aimes et tu m’aimeras jusqu’au bout.


Ce 5. — Je souffre beaucoup, ma fille ; j’ai des envies de vomir et des faiblesses toutes pareilles à celles dont tu as été si malade ; et même au milieu de mes angoisses, je pense aux soins que tu prendrais de ton pauvre mari et comme tu aimerais à lui rendre avec usure les consolations, que tu en as reçues. Adieu.


Ce 6. — Je suis mieux qu’hier, sans être encore trop bien, mais la loi que je me suis faite de repousser toutes les ordonnances de médecins me sauvera bien des souffrances et bien des dangers. Malgré tout ce que je souffre et tout ce qui m’occupe, je ne cesse de penser aux folles prétentions de ton futur beau-père et surtout à ses délais, qui pourraient bien devenir fort embarrassants, s’il s’obstinait à ne terminer que lorsque la cour t’aurait satisfaite. Mais je me repose un peu sur la prudence de l’évêque, sur tes amis, sur les belles couleurs de ta fille, enfin, sur la Providence, qui veut que tu sois heureuse et qui arrangera tout pour le mieux, comme cela lui est souvent arrivé.


Ce 7. — Je me porte presque bien, mais j’ai tant à lire, à écrire, tant à faire et à défaire, que je ne sais où donner de la tête. Tout cela vient de ce que tu n’es pas là, car je commencerais par te baiser.


Ce 8. — Mon enfant, j’ai peur de devenir un scélérat, car je me complais dans des inventions dignes de Satan. Tu sais que j’avais eu le projet de brûler