Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coup de circonspection. Enfin il paraît, il approche et selon toute apparence, dès ce soir, j’aurai des lettres de ma chère épouse, à moins qu’elle ne m’aime plus. Adieu.


Ce 17. — Elle m’aime toujours et moi je fais plus : je l’aime toujours mieux, cette femme dont la pareille n’est point encore née et ne naîtra peut-être jamais. Où trouves-tu tout ce que tu dis, tout ce que tu contes, tout ce que tu inventes de joli, de charmant, de triste, de gai, de raisonnable, d’insensé, etc. ? Tes divines lettres sont la honte de tout ce qui a été écrit jusqu’ici à commencer par celles de ton très humble mari. Mais voici encore un courrier apportant les paquets d’un autre vaisseau arrivé au Sénégal. Adieu.


Ce 18. — Encore de nouveaux trésors et ce que j’y trouve de plus précieux c’est la certitude de ce mariage si désiré, si traversé, si nécessaire au bonheur et même à l’honneur de ma femme. Mais au milieu de tant de joie, qu’il est triste de penser à tout ce qui s’est passé, à tout ce qui se passe et à tout ce qui se passera dans cette pauvre France. Je reçois en ce moment la permission expresse du roi pour mon retour et je n’attends pour aller t’embrasser que le retour de la Cousine, que j’ai envoyée bien loin d’ici chercher des provisions pour les habitants du Sénégal, qui meurent de faim, grâce à la belle expédition de la compagnie. Mais comme le vaisseau est bon et le capitaine excellent, j’espère que je le verrai bientôt et que tu me verras bientôt après et que, selon toute apparence, j’arriverai aussitôt que mes lettres. Je suis trop troublé, trop interrompu,