Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/173

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moins il y aura de célibataires, plus le mariage sera respecté, plus l’union conjugale sera intime, plus l’amour paternel, fraternel et filial sera senti, plus les liens des sociétés seront doux, plus les mœurs seront pures. Enfin il avance que la meilleure forme de gouvernement sera bientôt altérée parmi des célibataires et que le gouvernement le plus imparfait se perfectionnera bientôt chez un peuple où chaque individu sera lié par les nœuds du mariage. Qu’en penses-tu, ma femme ?


Ce 27. — Mon Suédois joint à ses autres mérites celui d’être assez bon tourneur et très robuste forgeron. Il me demande la permission d’exercer ici ses talents et ce sera une vraie curiosité aux yeux des philosophes qu’une barre de fer forgée en Afrique par un capitaine suédois. Cela prouvera que le globe est une patrie commune et qu’il n’offre pas un degré de chaleur à laquelle tout homme ne puisse souffrir une augmentation. Tout cela serait fort joli pour moi, si cela devait finir tout de suite ; mais ni la Cousine, ni la corvette de Brest n’arrivent. Je suis toujours comme un prisonnier, à qui on a dit par la fenêtre qu’il avait sa liberté, mais qui n’entend point ouvrir le guichet. De manière ou d’autre, cela finira, ma bonne femme, et comme dit l’aimable ministre de Wakefield, nous verrons encore des jours heureux. Adieu.


Ce 28. — Mon esprit, ou pour mieux dire mon cœur, voudrait te dire bien des choses, mais mon vilain doigt s’y refuse. Pardonne-le-lui et attends un meilleur moment.