Aller au contenu

Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

baroques analogies lui enseignent qu’en elle j’adore Dieu et Pan.

Les yeux de Clarisse sont des myosotis. Sa douceur est miraculeuse : du moins je l’imagine ainsi. Elle se plaît dans cette chambre ombreuse, tiède et aride. Les grands murs sentent le pain et la résine amère. Sur le gros poêle bleu et coriace qu’écaille l’éclat des fines faïences, Clarisse fait chauffer l’eau et les viandes rouges. Cette petite fille me comprend bien. Elle ne tente rien qui ne me plaise. Aucune fictive pudicité ne lui interdit l’émoi des luxures. Elle se couche avec modestie et elle m’embrasse langoureusement. — Combien l’aube doit être attentive, lorsqu’elle pénètre dans la maison ! — Viens, ô mon amour, approche-toi de moi, viens près de moi, ô blanche épouse d’un bel hiver…

À la page 97 de cet ouvrage, quelques lecteurs dotés de sensibilité ne distingueront point, sans émoi, peut-être, que j’aie pu prévenir mon amie elle-même, avec cette violence et cette fièvre, de l’indifférence que j’exprime plus haut. Au cours de cette Méditation, j’avertis, en effet, Clarisse, que sa mort même ne me chagrinerait point, car l’idée qu’elle me représente fait seule le sujet de mon attachement, et toutes les demoiselles du monde peuvent me l’incarner, tour à tour.

Je désavoue cet entretien, lequel est tout à fait imaginaire. Quelle que soit l’authenticité des pensées rationnelles dont il est l’expression, je n’aurais pu, sans inconvenance, persister à m’en infatuer, en face