« Sur ma poitrine recouverte
De symboles religieux
Le temps, avec sa lèpre verte,
A rongé la face des dieux.
« Seul, au milieu de ce qui tombe,
Je reste immobile et jaloux,
Et je dis au vers de la tombe :
Ô vers, pourquoi m’oubliez-vous ? »
« Ici, jamais ni vent, ni pluie
N’ont rafraîchi mon front poudreux ;
Depuis vingt siècles je m’ennuie
À regarder, de mon œil creux,
« Le sphinx de pierre, aux froides griffes,
Accroupi dans mon antre obscur,
Avec l’oiseau des hiéroglyphes
Qui ne s’envole pas du mur.
« Pour plonger dans ma nuit profonde,
Chaque élément frappe en ce lieu :
— Nous sommes l’air ! nous sommes l’onde !
Nous sommes la terre et le feu !
« Viens avec nous ! la steppe aride
Veut son panache d’arbres verts.
Viens, sous l’azur du ciel splendide,
T’éparpiller dans l’univers !
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