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ABYS – 9 — ACAD

et agrandit Copenhague. Prélat guerrier, il délivra le Danemark des incursions des pirates et vainquit en 1184 le duc de Poméranie.

ABSIMARE-TIBÈRE, empereur. V. tibère.

ABSTÉMIUS (Laurentius), en italien Astentio, fabuliste, né à Macerata (Ancône), à la fin du xve siècle, fut professeur de belles-lettres à Urbin et bibliothécaire du duc de cette ville. On a de lui, sous le titre d' Hecatomythium, un recueil de 100 fables, en partie traduites du grec, en partie de son invention, qui parut pour la première fois avec une trad. des fables d’Ésope, à Venise, en 1495 ; il y ajouta plus tard 100 autres fables, sous le titre d' Hecatomythium secundum, Venise, 1499. Ces deux recueils ont été réunis dans l'édit. de Francfort, 1520, in-16. La Fontaine a emprunté quelques sujets à ce fabuliste. Pillot l'a traduit en français, Douai, 1814.

ABSYRTE, fils d'Æétès, roi de Colchide, et frère de Médée. Sa sœur, fuyant avec Jason la maison paternelle, le mit en pièces et dispersa ses membres sur la route pour retarder ceux qui la poursuivaient. Ce meurtre eut lieu sur les bords d'un fleuve de Colchide qui prit de là le nom d'Absyrte.

ABSYRTIDES insulæ, îles de la mer Adriatique, près de la côte d'Illyrie, où quelques mythographes placent le meurtre d'Absyrte. Les principales sont : Crepsa (Cherso), Apsorus (Ossero), Asla (Arbé), Curicta (Veglia), Cissa (Pago).

ABUS, nom latin de l'Humber, riv. d'Angleterre, et d'une haute mont. d'Arménie, d'où sortent l'Euphrate et l'Araxe : c'est aujourd'hui le Keban-Dagh.

ABYDOS, auj. Nagara-Bouroun, v. d'Asie Mineure, sur l'Hellespont, à l'endroit où le détroit n'a guère que 2 kil., vis-à-vis de Sestos en Europe, est fameuse par l'aventure de Héro et de Léandre et par le pont de bateaux que Xerxès y fit jeter sur la mer.

ABYDOS, Madfouneh (c'est-à-dire la ville enterrée), v. de la Haute-Égypte, sur la rive gauche du Nil, au N. O. de Thèbes et au S. de Ptolémaïs était la plus ancienne de l'Égypte après Thèbes. Elle fut de bonne heure enfouie sous les sables, et n'était déjà plus qu'un village dès le temps de Strabon. On y admire des hiéroglyphes et des peintures remarquables. C'est là que fut trouvée en 1818 la table des anciens Pharaons, dite Table des prénoms d'Abydos ; elle est auj. au musée de Londres.

ABYLA, auj. Ceuta, v. et cap de l'Afrique septentrionale, en face du mont Calpé en Espagne, avec lequel le cap formait les Colonnes d'Hercule.

ABYSSINIE, Ethiopia supra Ægyptum, grande contrée de l'Afrique orientale, bornée au N. par la Nubie, à l'E. par la mer Rouge, à l'O. par le Sennaar et au S. par une haute chaîne de montagnes, est arrosée par plusieurs affluents du Nil, dont les principaux sont le Bahr-el-Azrek ou fleuve Bleu, le Maleg, le Tacazzé. On évalue approximativement l'étendue du pays à 788 000 kil. carrés et la population à 3 ou 4 millions. Autrefois toute cette contrée formait un vaste empire soumis à un seul prince, qui portait le nom de Grand Négus ; il a été depuis deux siècles divisé en plusieurs États indépendants, dont les principaux sont ses royaumes de Tigré, de Choa, de Dankali, d'Amhara, d'Anget, de Naréa, de Samara. Gondar était autrefois la capit. de l'Abyssinie ; auj. Ankober joue le principal rôle. Les Gallas font de fréquentes incursions dans ce pays et en ont conquis une partie. Les Abyssins professent le Christianisme ; néanmoins ils pratiquent la polygamie. Ils appartiennent à la secte monophysite ou eutychéenne ; leur métropolitain, nommé Abonna, est choisi par le patriarche copte d'Alexandrie. On trouve aussi chez eux beaucoup de Juifs. Les principales langues qu'ils parlent sont Pamhara, le salami et le tigrin, qui toutes trois dérivent de l'arabe. On trouve en Abyssinie les végétaux et les animaux des zones tropicales, et aussi, à cause des nombreuses montagnes, ceux des zones tempérées ; le zèbre, la girafe, l'hippopotame y sont

communs ; les arbres propres au pays sont le colqual, le girgir, le ouansé, le cédera, le ginous, le gaguédi, le kousso, dont le fruit fournit un excellent aliment ; on en tire aussi de la myrrhe. Le principal commerce consiste dans l’exportation de l'ivoire et de la poudre d'or et dans la vente des esclaves. — L'Abyssinie, dont on fait descendre les premiers habitants de Chus fils de Cham, est connue dès la plus haute antiquité sous le nom d'Éthiopie. Les Éthiopiens, civilisés de bonne heure, paraissent avoir fort anciennement dominé en Égypte. Selon une tradition du pays, ils auraient été longtemps gouvernés par une dynastie juive, qui serait issue de Salomon par la reine de Saba. Cambyse, les Ptolémées, les Romains (V. gallus) tentèrent vainement de les soumettre. S. Frumence porta le Christianisme chez eux vers 330 ; deux siècles plus tard, ils adoptèrent l'hérésie monophysite d'Eutychès, dans laquelle ils persistent encore. Au vii e siècle, les Mahométans envahirent la partie orientale de l'Abyssinie et y fondèrent Zeilah. Au xv e siècle, les Portugais entrèrent en rapport avec les Abyssins : Jean, roi de Portugal, envoya, en 1490, un ambassadeur à leur roi (V. covilham). Les Jésuites travaillèrent dès lors à ramener les Abyssins à la foi catholique : ils y réussirent un moment ; mais, en 1632, le roi, qui s'était converti, fut détrôné et les missionnaires chassés ou mis à mort. Depuis, l'Abyssinie est devenue d'un très difficile accès. Louis XIV envoya au grand Négus une ambassade, mais elle ne produisit rien. Au xvii e siècle, l'empire abyssin se divisa en plusieurs États indépendants (V. ci-dessus) ; depuis il n'a fait que déchoir. En 1868 une expédition anglaise, commandée par le général Napier, fut envoyée contre le négus Théodoros, qui fut battu et se tua. Dans le dernier siècle et dans celui-ci, l'Abyssinie a été visitée par de nombreux voyageurs : Bruce, Salt, Pearce, Ruppel, Combes et Tamisier, Feret, Galinier, Rochet d'Héricourt, les frères d'Abbadie, Th. Lefebvre.

ACACIUS, surnommé le Borgne, chef de la secte des Acaciens, branche des Ariens, remplaça Eusèbe comme évêque de Césarée, en 340, et mourut en 365. Abusant de la protection de l'empereur Constance, il fit déposer S. Cyrille et exiler le pape Libère.

ACACIUS, patriarche de Constantinople de 471 à489, porta l'empereur Zénon à favoriser les Eutychéens, et fut condamné par le pape Félix comme hérétique.

ACADÉMIE, école philosophique, fondée dans Athènes par Platon vers 388 av. J.-C., tirait son nom d'un jardin qui avait appartenu primitivement à un certain Académus, et dans lequel Platon donnait ses leçons. On compte trois Académies : la 1re, ou ancienne, Academia vetus, se composait des disciples purs de Platon savoir : Speusippe, Xénocrate, Polémon, Crantor ; la 2e, ou moyenne, media, fondée vers 244 av. J.-C. par Arcésilas, prétendait que l'on ne peut rien savoir ; la 3e, ou nouvelle, nova, fondée vers 160 av. J.-C. par Carnéade, sans tomber dans un scepticisme absolu, enseignait que l'on ne peut atteindre que le probable. Quelques-uns admettent une 4e et même une 5e Académie, dont les chefs seraient Philon et Antiochus ; ceux-ci. se rapprochèrent de la véritable doctrine de Platon, et tâchèrent de la concilier avec le stoïcisme.

ACADÉMIES, sociétés de gens de lettres, de savants ou d'artistes. Ces sociétés, dont Charlemagne avait donné l'exemple en créant dès 785 l'Académie appelée palatine parce qu'elle se réunissait dans son propre palais, fleurirent à la renaissance des lettres, et surtout en Italie, où chaque ville avait son Académie ; elles se répandirent ensuite en France et dans les autres pays de l'Europe. Les principales sont :

1. En Italie l’Académie della Crusca (c'est-à-dire du crible), fondée à Florence en 1582, qui s'occupe de critique, de littérature, et à laquelle on doit un dictionnaire italien qui fait loi (la 1re éd. parut en 1612) ; — l’Académie del Cimento, fondée à Florence, en 1657, par le cardinal Léopold de Mé-