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liaisons criminelles avec la jeune reine Mathilde, fut disgracié et mis à mort, et toute l’autorité passa aux mains de la reine douairière, Julie-Marie de Brunswick. La fin de son règne fut malheureuse : Copenhague fut bombardée et prise par les Anglais (1807), et il se vit forcé de fuir. Il alla mourir à Rendsbourg (Holstein), en 1808. Dans ses dernières années, ce prince était tombé en enfance.

CHRISTIAN VIII, né en 1786, mort en 1848, était fils du prince héréditaire Frédéric, frère consanguin de Christian VII, et gouvernait la Norvége en 1814. Il opposa une courageuse, mais inutile résistance à la décision de la Sainte-Alliance qui enlevait la Norvége au Danemark pour la céder à la Suède (1814), et se vit obligé de se retirer devant les forces supérieures de Bernadotte. Appelé au trône de Danemark en 1839, à la mort de Frédéric VI, son cousin, il fit quelques réformes, favorisa les lettres, les sciences et les arts, et forma de riches collections. À la fin de son règne, s’éleva la question des droits du Danemark sur le Schlesvig et le Holstein, qui donna lieu à une longue guerre.

CHRISTIANIA, capit. de la Norwége, ch.-l. du bailliage d’Aggerhuus, à 425 k. O. S. O. de Stockholm au fond d’une baie ; 32 000 h. Siége du gouvernement norvégien et du Storthing ou diète. Évêché, université fondée en 1811, école militaire, école de commerce, observatoire, bibliothèque. Plusieurs jolis édifices : hôtel de ville, bourse. Port vaste et sûr, mais fermé par les glaces pendant 3 ou 4 mois,etc Tanneries, papeteries, etc. Commerce de bois de construction, fer, cuivre, goudron, poisson sec. — Christiania a été bâtie en 1624 par Christian IV, roi de Danemark, sur l’emplacement de la ville d’Opslo, qui avait été brûlée.

CHRISTIANISME, religion révélée par J.-C., qu’elle reconnaît pour fondateur. Après la mort et la résurrection du Sauveur, l’an 33, ses 12 apôtres prêchèrent l’Évangile aux Juifs et aux Gentils. S. Pierre établit des communautés de Chrétiens à Jérusalem, à Antioche et dans d’autres villes d’Asie ; puis il se rendit à Rome, et y fixa dès lors le siége de la primauté apostolique (le St-Siége). De son côté, S. Paul opéra, surtout parmi les Païens, un grand nombre de conversions, et mérita le titre d’Apôtre des Gentils. Après avoir parcouru l’Asie-Mineure et la Grèce, il vint à Rome, où il subit le martyre sous Néron (67). D’autres apôtres répandirent peu à peu dans les diverses provinces de l’empire romain les doctrines du Christianisme. Les progrès de la nouvelle religion soulevèrent contre elle la haine des Païens, et les fidèles eurent à éprouver de nombreuses persécutions. On en compte 10 : sous Néron (64-68), Domitien (95), Trajan (106), Marc-Aurèle (166-177), Septime-Sévère (199-204), Maximin (235-238), Décius ou Dèce (250-252), Valérien (258-260), Aurélien(275), Dioclétien (303-313) : l’avénement de ce dernier persécuteur a été nommé l’ère des martyrs. Des sophistes et des imposteurs (Simon le Magicien, Apollonius de Tyane, Ménandre, etc.) prétendirent égaler les miracles de la nouvelle religion. De nombreux hérétiques (les Gnostiques au IIe s., Manès et les Sabelliens au IIIe s., Arius, Donat, Pelage, Nestorius, Eutychès et Maron du IVe au VIe s.), essayèrent de corrompre la pureté de la foi. Mais la religion triompha de tous ces obstacles par la constance de ses martyrs et par l’éloquence de ses apologistes et des Pères de l’Église, tels que Lactance, Tertullien, S. Grégoire de Nazianze, S. Basile, S. Jean Chrysostôme, S. Athanase, S. Ambroise, S. Jérôme, S. Augustin, etc. Enfin, l’empereur Constantin, par le célèbre édit de Milan, 313, fit de la religion chrétienne la religion de l’empire, et la foi catholique fut solennellement formulée dans le symbole du concile de Nicée (325). Depuis cette époque, le Christianisme eut 3 grands travaux à accomplir : convertir les barbares, combattre les hérésies, conserver et répandre les lumières de la civilisation. Les Goths, les Bourguignons, les Suèves, les Vandales, les Vla-goths, les Lombards connurent le nom du Christ dès la fin du IVe s., mais ils embrassèrent l’arianisme. Plus tard, les Bourguignons (510), les Suèves (551), les Visigoths (587), les Lombards (602), adoptèrent la foi orthodoxe. Les Francs furent convertis sous Clovis (496), les Irlandais et les Anglo-Saxons à la fin du VIe s., les Allemands au VIIIe s. Les peuples du nord, les Danois, les Suédois, les Polonais, les Russes, ainsi que les Hongrois, les Bulgares, embrassèrent la foi du IXe au XVe s. Le Christianisme fit moins de conquêtes en Asie : il dominait dans l’Arménie, où il subsiste encore ; mais il fut presque anéanti en Perse par la persécution, et les victoires des Mahométans lui ravirent au VIIe s. la plus grande partie des contrées de l’Asie et de l’Afrique, En outre, l’Église fut déchirée au IXe s. par le schisme de Photius, qui en 858 sépara l’Église grecque de l’Église latine. — Les principales hérésies que le Christianisme eut à combattre au moyen âge furent, avec l’Arianisme, celle des Iconoclastes qui troublèrent l’empire d’Orient pendant les VIIIe et IXe s. ; celle des Vaudois et des Albigeois en France au XIIe s. ; celles de l’Anglais Wiclef, de Jérôme de Prague et de Jean Huss au XVe s. En outre, des divisions intérieures, connues sous le nom de Schisme d’Occident ou Grand schisme, troublèrent la paix de l’Église pendant 71 ans (1378-1449), en opposant pontifes à pontifes. Néanmoins, c’est pendant le moyen âge que l’autorité ecclésiastique exerça le plus d’influence ; la puissance spirituelle soutint à cette époque de longues luttes contre la puissance temporelle, et pendant quelque temps même elle eut le dessus (V. INVESTITURE, BULLES). Mais il s’introduisit bientôt des abus que le concile de Constance (1414) et celui de Bâle (1431) essayèrent vainement de réformer. Enfin des ordres monastiques célèbres, les Bénédictins au VIe s., les Bernardins (1098), les Trappistes (1140), les Mathurins (1199), les Carmes (1205), les Franciscains ou Cordeliers (1208), les Dominicains ou Jacobites (1215), les Célestins (1244), les Augustins (1256), etc., exercèrent une puissante influence sur la civilisation en s’occupant soit de former des prédicateurs chargés d’aller convertir les Barbares, soit de défricher les terres incultes, ou d’enseigner les connaissances dont ils étaient seuls dépositaires. D’autres ordres, les Hospitaliers (1100), les Templiers (1118), les chevaliers Teutoniques en Judée (1190), les Porte-Glaives en Livonie (1202), les chevaliers d’Alcantara, de Calatrava, de San-Iago, de l’ordre du Christ, d’Avis, en Espagne et en Portugal, furent établis pour combattre les Infidèles. Dans les temps modernes, la découverte de l’Amérique a étendu sur un nouveau monde l’empire du Christianisme, et le zèle des missionnaires a porté chez tous les peuples barbares les lumières de la foi chrétienne. Mais au XVIe s., le Catholicisme vit s’élever des hérésies puissantes. Luther donna le signal en 1517 : il prêcha la Réforme, qui sépara de l’Église plusieurs des nations chrétiennes. Zwingle en 1519, Calvin en 1536, devinrent les chefs de diverses sectes qui, malgré les efforts de nouveaux ordres institués pour combattre l’hérésie (V. JÉSUITES), se répandirent rapidement, et qui, malgré les sages réformes ordonnées par le concile de Trente (1563), ne voulurent plus reconnaître, en matière de foi, d’autre autorité que celle de la Bible. Après eux, les sectes se sont multipliées presqu’à l’infini. (V. CHRÉTIENS.) Les puissances catholiques, après avoir essayé longtemps de déraciner l’hérésie, soit par la persuasion, soit par la force (V. Guerre de TRENTE ANS, INQUISITION, ST-BARTHÉLEMY, DRAGONNADES, etc.), finirent par accorder la liberté de conscience. Aujourd’hui, les membres des diverses sectes vivent partout en paix à l’abri d’une tolérance plus ou moins étendue.

CHRISTIANSAND, v. et port de Norvège (Sœndenflelds), par 5° 43' long. E., 58° 8' lat. N. ; 8000 h.