Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/541

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Francfort, 1529, in-fol., et une Chronique des ducs de Lorraine et de Brabant, jusqu'en 1445, restée manuscrite. — Gust. Fréd. Dinter, né en 1760 à Borna (Saxe), mort en 1831, fut successivement pasteur à Kitzscher près de Borna, directeur du séminaire normal de Friedrichstadt près de Dresde (1797), ministre évangélique à Gœritz (1807), et membre du conseil de l'instruction publique à Kœnigsberg (1816). On lui doit une foule d'écrits sur l'instruction primaire, qui sont populaires en Allemagne, principalement ses Règles de la pédagogie, 1806.

DIOCÉSARÉE. V. SÉPHORIS.

DIOCÈSE, Diœcesis, c.-à-d. gouvernement, nom donné aux subdivisions des préfectures dans l'organisation de l'empire romain qui eut lieu depuis Constantin ; le diocèse à son tour se décomposait en provinces. Le diocèse était régi par un vicaire du préfet. L'empire romain comptait en tout 14 diocèses : 4 dans la préfecture d'Italie : Italie, Rome, Illyrie occidentale, Afrique; 3 dans la préfecture des Gaules : Gaule, Hispanie, Bretagne; 2 dans la préfecture d'Illyrie : Dacie, Macédoine; 5 dans la préfecture d'Orient : Thrace, Asie, Pont, Orient, Égypte (V. ces noms). — On n'entend plus auj. par diocèse qu'une division ecclésiastique : c'est le territoire soumis à la juridiction d'un même évêque.

DIOCLÈS, médecin grec, de Caryste en Eubée, que l'on place après Hippocrate, s'occupa un des premiers d'anatomie, mais n'étudia que sur les animaux. Il perfectionna la thérapeutique et composa sur son art des écrits qui ne nous sont pas parvenus.

DIOCLÈS, citoyen de Syracuse, donna à sa patrie, peu après la malheureuse expédition des Athéniens en Sicile, des lois renommées par leur sagesse (412 av. J.-C.). Une de ces lois punissait de mort quiconque se présentait en armes dans l'assemblée publique : ayant lui-même enfreint cette loi par mégarde, il se frappa de son épée pour se punir. On raconte le même fait de Charondas.

DIOCLÉTIEN, C. Valerius Jovius Aurelius Diocletianus, empereur romain, né près de Salone, en Dalmatie en 245, était fils d'un greffier. Il commença par être simple soldat et s'éleva par degrés aux premières charges : il était commandant des officiers du palais à la mort de Numérien, 284. Il tua de sa propre main Aper, meurtrier de ce prince, et se fit proclamer empereur à Nicomédie, malgré l'opposition de Carin, frère de Numérien. Deux ans après (286), il s'associa Maximien Hercule, et l'envoya commander en Occident, en se réservant l'Orient. Il marcha contre les Perses, leur reprit la Mésopotamie, puis, tournant ses armes contre la Germanie, il vainquit les Barbares. Outre Maximien, auquel il donna le nom d’auguste, Dioclétien s'adjoignit en 292 deux autres collègues, qu'il nomma césars (titre qui équivalait à celui d'héritier présomptif de l'empire) : ce furent Constance Chlore et Galérius; il assigna des provinces à chacun d'eux, en se réservant la suprématie. Ces quatre princes obtinrent des succès chacun de leur côté; Dioclétien, pour sa part, réduisit l’Égypte révoltée, et tous les quatre triomphèrent à Rome l'an 303. En cette même année Dioclétien, à l'instigation de Galérius, commença contre les Chrétiens une terrible persécution qui dura dix ans (c'est en souvenir de cette persécution qu'on a donné le nom d’ère des martyrs à l'ère qui commence avec le règne de Dioclétien). L'année suivante il tomba dans une grave maladie qui affaiblit sa raison. Cet affaiblissement, joint aux menaces de Galérius, l'engagea à abdiquer, 305. Il se retira à Salone, où il cultivait lui-même son jardin; il disait n'avoir commencé à vivre que du jour de son abdication. On ajoute même que, Maximien ayant voulu l'engager à reprendre la couronne, il se borna, pour toute réponse, à l'inviter à venir voir ses jardins de Salone. Il mourut en 313.

DIODORE de Sicile, historien grec, né à Agyrium en Sicile, vivait du temps de César et d'Auguste. Après avoir visité les principaux pays de l'Europe et de l'Asie, il s'établit à Rome et y publia sous le titre de Bibliothèque historique un ouvrage en 40 livres qui contenait l'histoire universelle depuis le commencement du monde jusqu'à la 180e olympiade (60 av. J.-C.). Il ne nous en reste malheureusement que 15 livres, savoir : les 5 premiers, qui traitent de l’Égypte, de l'Assyrie et des premiers temps de la Grèce; le XIe et suivants jusqu'au XXe, qui vont jusqu'à la bataille d'Ipsus (301 ans av. J.-C.). Photius et Constantin Porphyrogénète nous ont conservé des fragments des VIe, VIIe, VIIIe, IXe et Xe livres, ainsi que des 20 derniers. Cet historien montre peu de critique, il paraît n'avoir pas puisé aux meilleures sources; néanmoins son ouvrage est fort précieux et contient des détails qu'on ne trouve pas ailleurs. Son style est simple et clair, mais peu élégant. Les éditions les plus estimées de Diodore sont celles de H. Étienne, Paris, 1559, in-fol., toute grecque et la première qui soit complète; de Wesseling, grec-lat., Amsterdam, 1746, 2 vol. in-fol. ; de Heyne, Deux-Ponts. 1790-1806, 11 v. in-8, et celle de L. Dindorf, Leipsick, 1828-32, 6 vol. in-8, reproduite dans la Bibliotheca græca de Didot, avec tous les fragments et une trad. latine, 1843, 2 vol. grand in-8. Diodore a été trad. en français, en partie par Amyot, 1554, en totalité par Ad. Terrasson, 1737, et plus récemment par A. F. Miot, 1834, 7 vol. in-8, et par M. Hœfer, 1846, 4 vol. in-18.

DIOGÈNE d'Apollonie (en Crète), philosophe ionien disciple et successeur d'Anaximène, flonssait vers 500 av. J.-C. Il se distingua parmi les philosophes qui enseignaient en Ionie avant que Socrate philosophât à Athènes; il croyait, comme son maître, que l'air est la matière première de tous les êtres; mais il attribuait à ce principe primitif une vertu divine. Il fut accusé d'impiété et courut risque de la vie. Diogène Laërce nous a conservé le début de son traité De la nature. Les fragments qui restent de lui ont été publiés à Leipsick en 1830 par Panzerbutter.

DIOGÈNE, philosophe cynique, né à Sinope 413 ans av. J.-C., mort en 324 à Corinthe. Accusé avec son père d'avoir fabriqué de la fausse monnaie, il quitta sa patrie de bonne heure et vint à Athènes, où il étudia la philosophie sous Antisthène. Il y vécut dans la plus grande misère, ne subsistant guère que d'aumônes. Dans la suite, ayant été fait prisonnier par des pirates, il fut vendu comme esclave à Corinthe, et acheté par le philosophe Xéniade, qui, frappé de son mérite, lui confia l'intendance de ses biens et l'éducation de ses enfants. Diogène avait ordonné qu'on jetât son corps à la voirie; mais ses amis lui firent des funérailles magnifiques. On plaça sur son tombeau un chien en marbre de Paros. Ce philosophe outra les austérités de la secte cynique. Il logeait, dit-on, dans un tonneau, n'ayant pour meubles qu'une besace, un bâton et une écuelle. Il jeta même son écuelle après avoir vu un jeune enfant boire dans le creux de sa main. On conte que, plein de mépris pour ses contemporains, il se promena un jour en plein midi une lanterne à la main, répondant à ceux qui l'interrogeaient :« Je cherche un homme. » Un partisan de Zénon d'Élée niait devant lui le mouvement : il se leva, et se mit à marcher, réfutant ainsi en action les ridicules arguties du sophiste. Ayant entendu Platon définir l'homme un animal à deux pieds et sans plumes, il jeta dans son auditoire un coq plumé en disant : « Voilà l'homme de Platon. » Il y avait dans sa pauvreté volontaire beaucoup d'orgueil et de vanité. Alexandre le Grand, étant à Corinthe, eut la curiosité de le voir, et lui demanda ce qu'il pouvait faire pour lui : « Te retirer de mon soleil, » répondit le philosophe. On assure qu'Alexandre s'écria : « Si je n'étais Alexandre, je voudrais être Diogène. » Toutes ces anecdotes et une foule d'autres, que l'on raconte de Diogène, sont loin d'être authentiques. On a sous son nom des Lettres qui sont évidemment supposées. Elles ont été impri-