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avaient été un moment dépouillés par les Vénitiens, les seigneurs de Ferrare se reconnurent vassaux du St-Siége. Eugène IV transporta momentanément à Ferrare le concile de Bâle en 1438. En 1471 la seigneurie fut érigée en duché, et depuis ce temps elle resta, à quelques interruptions près, et en dépit des efforts de Jules II, à la maison d'Este, qui la garda jusqu'en 1597. A cette époque, la ligne ducale s'étant éteinte (par la mort d'Alphonse II), Clément VIII prit possession du duché de Ferrare comme suzerain. Les Français occupèrent Ferrare en 1796 et en firent le ch.-l. du dép. du Bas-Pô. Le pape recouvra cette ville en 1814 ; mais en concédant aux Autrichiens le droit d'y entretenir garnison. En 1860, Ferrare, évacuée par les Autrichiens, se sépara des États pontificaux et s'unit au roy. de Sardaigne. — La prov. de F. est au N. de celle de Ravenne, à l'E. de celle de Bologne et de Modène, à l'O. de l'Adriatique ; 70 k. sur 60 ; 110 000 h. Pays fertile, mais l'air y est malsain, surtout aux env. des marais de Comacchio.

FERRARE (ducs de). V. ESTE (maison d').

FERRARE (Hippol., cardinal de). V. ESTE (Hipp. d').

FERRARI, nom commun à un grand nombre d'artistes, de savants et de littérateurs italiens. Les principaux sont : Gaudenzio F., dit le Milanais, peintre, né en l484, m. en 1550. Il était élève de Pérugin et ami de Raphaël, qui l'employa dans plusieurs travaux au Vatican. Quoique sa manière ait beaucoup de rapport avec celle de Raphaël, on n'y trouve ni autant de grâce, ni autant de beauté ; il excelle surtout dans l'expression de la majesté divine et des sentiments pieux. Les galeries du Capitole et du Vatican possèdent plusieurs de ses ouvrages : Une Vision, la Femme adultère, la Crèche, S. Paul mendiant, etc.; — Louis Ferrari, mathématicien, né à Bologne en 1522, mort en 1566 ; il était disciple de Cardan et inventa une méthode ingénieuse pour résoudre les équations du 4e degré ; il enseigna à Milan et à Bologne ; — Philippe F., religieux servite, né vers 1570 à Orvillo (près d'Alexandrie), mort en 1626 : on lui doit un Lexicon gcographicum (Milan, 1627), qui a servi de base au Dictionnaire de Baudrand ; — J. B. F., jésuite de Sienne, 1584-1655, auteur d'un Dict. latin-syriaque, et d'un traité estimé De cultura florum, 1623, avec de belles planches ; — Gui F., jésuite, né à Novare en 1717, mort en 1791 ; on lui doit plusieurs ouvrages historiques estimés, entre autres : De rebus gestis Eugenii principis a Sabaudia, Rome, 1747-73.

FERRATUS MONS, auj. Jurjura, chaîne de montagnes de l'Afrique sept. V. ATLAS et JURJURA.

FERRAUD, député des Htes-Pyrénées à la Convention, voulut, dans la journée du 1er prairial (le 20 mai 1795), s'opposer à la populace qui forçait les portes de la Convention, et fut tué d'un coup de pistolet. Sa tête, coupée et mise au bout d'une pique, fut portée jusque sur le bureau du président, Boissy-d'Anglas, qui resta inébranlable sur son siège, et salua respectueusement la tête de son infortuné collègue. La Convention rendit à Ferraud les honneurs funèbres.

FERREIRA, v. de Portugal (Alentéjo), à 24 kil. O. de Béja, adonné son nom aux marquis de Ferreira, de la maison de Cadaval.

FERREIRA (Ant.), poëte portugais, né à Lisbonne en 1528, mort en 1569, occupait une place de juge au tribunal suprême de Lisbonne. Il réussit dans l'élégie, l'épître, l'ode, la comédie, la tragédie ; sa meilleure pièce est Inès de Castro, une des premières tragédies régulières qu'aient produites les temps modernes. On a réuni ses poésies à Lisbonne, 1598 ; ses comédies ont paru en 1621 avec celles de Sà de Miranda. On l'a surnommé l'Horace portugais.

FERRÉOL (S.), tribun dans l'armée romaine, subit le martyre à Vienne en Dauphiné en 304. On le fête le 18 sept. — Premier évêque de Besançon, compagnon de S. Irénée, subit le martyre avec son frère S. Fargeau. V. ce nom.

FERRERAS (Jean de), historien espagnol, né à Labaniza près d'Astorga en 1652, mort à Madrid en 1735, occupait une cure de village, quand le cardinal de Porto-Carrero, instruit de son mérite, l'appela à Madrid. Il jouit de la faveur de Philippe V, qui le nomma son bibliothécaire et lui confia des charges importantes ; par excès de modestie, il refusa les plus hautes dignités de l’Église. Ferreras a laissé un grand nombre d'ouvrages sur l'histoire, la théologie et la politique ; le plus célèbre est l’Hist. d'Espagne (jusqu'en 1589), Madrid, 1720-27, 16 v. in-4, trad. en français par Vaquette d'Hermilly, 1751, ouvrage non moins remarquable par le style que par l'exactitude et l'esprit de critique.

FERRET, dit le Grand Ferret à cause de sa taille, né vers le milieu du XIVe siècle à Rivecour ; près de Verberie, était d'une force prodigieuse. Il se signala d'abord dans la faction des Jacques, mais il servit ensuite le Dauphin (Charles V). Les Anglais ayant surpris le château de Longueil, le grand Ferret, armé d'une hache et suivi de quelques domestiques, se précipite sur eux, tue de sa main 45 ennemis, culbute le reste et délivre la place ; une nouvelle troupe se présente, elle est encore taillée en pièces. Accablé de fatigue après deux jours de combat, Ferret était sur le point de succomber à une fièvre brûlante, lorsqu'il apprit que douze Anglais s'avançaient pour lui arracher la vie : il s'élance de son lit, saisit sa hache, tue cinq ennemis et force les sept autres à chercher leur salut dans la fuite. Épuisé parce dernier effort, il mourut peu de jours après.

FERRETTE, Pfirt en allemand, bg d'Alsace-Lorraine, à 14 kil. S. E. d'Alkirch ; 800 hab. Tout auprès est Vieux-Ferrette, jadis ch.-l. du comté de Ferrette. Vieux château, une des plus belles ruine du moyen âge. — Le comté de Ferrette, formé lors du démembrement du comté de Montbéliard au XIIe siècle, comprit d'abord les seigneuries de Ferrette, de Thann, d'Altkirch ; puis celles de Belfort, de Delle et de Rougemont. Frédéric I, son premier comte, le posséda dès 1104, mais n'en prit le titre qu'en 1125. En 1271 le comté de Ferrette devint vassal de l'Église de Bâle. Jeanne, fille d'Ulric II, le porta au XIVe s. dans la maison d'Autriche par son mariage avec Albert, 4e fils de l'empereur Albert, et le comté fut incorporé au landgraviat de Haute-Alsace. En 1469, l'archiduc Sigismond l'engagea, comme toutes ses possessions en Alsace, au duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, qui le fit administrer par le sire de Hagenbach. La tyrannie de ce dernier y ayant fait éclater une révolte (1474), le comté revint à la maison d'Autriche ; il fut compris comme les possessions autrichiennes dans le lot de Ferdinand, lors du partage de 1522 entre ce prince et son frère Charles-Quint. Par le traité de Westphalie (1648), la France devait recevoir le comté de Ferrette ; mais il y eut contestation, et le comté ne fut définitivement réuni qu'en 1660. Louis XIV le donna à Mazarin en 1659 ; il passa depuis à la famille Valentinois.

FERRIER (S. VINCENT). V. VINCENT.

FERRIÈRE (Claude de), docteur en droit de l'Université de Paris, né dans cette ville en 1639, mort en 1715, professa avec succès la jurisprudence. Il a laissé une traduction des Institutes de Justinien avec des analyses du Code, du Digeste et des Novelles ; des Commentaires sur la Coutume de Paris ; Introduction à la pratique ; la Science parfaite du notaire, etc. — Son fils, Claude Joseph de Ferrière, doyen des professeurs en droit de Paris, perfectionna ses ouvrages, refondit l’Introduction à la pratique, dont il fit un Dictionnaire de Droit, 1740, et augmenta la Science parfaite du notaire (1761), qui a été plusieurs fois publiée depuis.

FERRIÈRES, Aquæ Segestæ, ch.-l. de c. (Loiret), à 14 kil. N. de Montargis ; 1300 hab. Anc. abbaye fort célèbre, fondée sous Clovis II. V. LOUP (S.). — Village de Seine-et-Marne, à 27 k. de Meaux ; 600 h. Anc. seigneurie ; château de M. de Rothschild. Entrevue entre J. Favre et M. de Bismark (20 sept. 1870).