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tes il fonda des abbayes, visita les lieux saints et se fit traîner sur une claie dans Jérusalem en criant : « Seigneur, ayez pitié du traître et parjure Foulques. » — Foulques IV, le Réchin ou le Querelleur, petit-fils du préc., né à Château-Landon en 1043, mort en 1109 : il entra avec son frère aîné, Geoffroy le Barbu, en partage de la succession de Geoffroy Martel, leur oncle, et eut pour sa part l'Anjou et la Saintonge (1060). Il dépouilla son frère de la Touraine et se fit redouter de ses voisins. Il eut avec l'archevêque de Tours une querelle qui faillit le faire excommunier; mais ses libéralités lui assurèrent l'indulgence des commissaires nommés par le pape pour examiner sa conduite. Bertrade de Monfort, sa femme, lui fut enlevée par Philippe I, roi de France. Foulques avait écrit une Histoire des comtes d'Anjou, dont il ne reste qu'un fragment, inséré dans le Spicilegium de D'Achery et trad. par l'abbé de Marolles dans ses Histoires des anciens comtes d'Anjou. — Foulques V, fils du préc., fit d'abord la guerre à Louis le Gros, puis passa en Palestine, épousa Mélisente, fille de Baudouin II, roi de Jérusalem, succéda à ce prince sur le trône de Jérusalem en 1131, et repoussa les attaques des Turcs. Il mourut en 1144, laissant sa couronne de Palestine à Baudouin, son fils aîné, et son comté d'Anjou à Geoffroy Plantagenet, le puîné.

FOUNG-HOANG-TCHING, v. de la Chine (Ching-king), sur le Tsao-ho, près des frontières de la Corée, est le seul lieu par où les Coréens puissent communiquer avec les Chinois. Très-populeuse.

FOUNG-THIAN. V. MOUDKEN.

FOUQUET (Nic.), surintendant des finances, célèbre par sa disgrâce, né à Paris en 1615, était fils d'un riche armateur breton. Après avoir été maître des requêtes et procureur général au parlement de Paris, il fut appelé en 1652, par la protection de la reine mère, Anne d'Autriche, à l'administration des finances. Il réussit pendant quelque temps à faire face aux dépenses de l'État, qui déjà était obéré ; mais un déficit considérable ayant bientôt été reconnu, on l'accusa de dilapidation : il avait, en effet, amassé une fortune immense et avait dépensé 18 millions dans sa seule terre de Vaux (près Melun). Prévoyant sa disgrâce, il avait fait des dispositions pour résister : il n'en fut pas moins arrêté en 1661, après une fête à laquelle le roi lui-même avait assisté dans le château de Vaux. Jugé et condamné par une commission, qui était composée en grande partie de ses ennemis, il fut enfermé dans la citadelle de Pignerol : il y mourut en 1680, après 19 ans de captivité. Colbert, qui aspirait à lui succéder, avait été le premier artisan de sa ruine. Fouquet conserva dans ses revers de nobles amis, entre autres Pellisson, qui partagea sa disgrâce, La Fontaine, qui chanta ses malheurs, le poëte Hesnault, qui écrivit un sonnet sanglant contre Colbert; Mme de Sévigné et Mme de Scudéry. Son crime, longtemps contesté, n'est auj. que trop avéré. Sa Vie a été écrite par d'Auvigny. A. Chéruel a publié en 1862 des Mém. sur sa vie publique et privée. — V. BELLE-ISLE.

FOUQUIER-TINVILLE (Ant. Quentin), accusateur public, né en 1747 à Hérouel, près de St-Quentin (Aisne), avait été procureur au Châtelet avant la Révolution. S'étant fait remarquer dans les clubs dès 1789 par la violence de ses opinions, il se concilia la faveur de Danton et de Robespierre, qui le firent nommer en 1793 accusateur public près le tribunal révolutionnaire. Il fit condamner des milliers d'accusés, le plus souvent sans les entendre et sans aucune forme de procès. Parmi ses victimes on remarque Marie-Antoinette et les Girondins. Il n'épargna pas même Danton et Robespierre, ses anciens protecteurs. Il finit par être lui-même décrété d'accusation, peu après la journée du 9 thermidor, fut condamné après un procès qui ne dura pas moins de 41 jours, et monta sur l'échafaud le 17 floréal suivant (mai 6 1795), accablé de malédictions.

FOURCHAMBAULT, commune du dép. de la Nièvre, à 7 kil. N. O. de Nevers; 5380 hab. Importantes usines créées par MM. Boignes et occupant 3000 ouvriers : ateliers de fonderie et de construction pour le matériel des chemins de fer, les ponts en fer et grands travaux d'art en fer coulé, les essieux destinés à l'artillerie, les lits en fer, etc.

FOURCHES-CAUDINES, Furculæ Caudinæ, lieu du Samnium, près de Caudium, célèbre par la capitulation honteuse qu'y fît l'armée romaine. V. CAUDIUM.

FOURCROY (Ant. Franç. de), chimiste, né à Paris en 1755, remplaça en 1784 Macquer dans la chaire de chimie du Jardin des Plantes, et se fit bientôt une grande réputation par le talent avec lequel il professait. Il fut nommé en 1792 député de Paris à la Convention, où il fut un des membres les plus actifs du comité de l'instruction publique, entra ensuite au Conseil des Cinq-Cents, puis an Conseil d'État; devint en 1801 directeur général de l'instruction publique, et déploya dans ces fonctions une grande activité : on lui doit l'organisation des écoles de médecine de Paris, Montpellier, Strasbourg, des écoles de droit, ainsi que d'un grand nombre de lycées et de collèges. Toutefois, ses vues ne s'accordant pas entièrement avec celles de Napoléon, il se vit éloigné lors de l'établissement définitif de l'Université; il fut très-sensible à cette disgrâce et mourut peu après, d'apoplexie, en 1809. On a de lui plusieurs ouvrages; les plus importants sont : Système des connaissances chimiques et de leur application, 1801 ; Philosophie chimique, 1792 et 1800, ouvrage traduit dans presque toutes les langues, et où les faits fondamentaux de la science sont rendus dans un style propre à les graver dans la mémoire ; il a en outre laissé un grand nombre de mémoires sur des questions particulières. Fourcroy a découvert plusieurs composés qui détonnent par la percussion, a perfectionné l'analyse des eaux minérales et des substances animales. Palissot de Beauvois, Cuvier et Pariset, ont écrit son Éloge.

FOURIER (le bienheureux P.), curé de Mataincourt, né en 1565 à Mire dans l'anc. Lorraine, mort en 1640, réforma les chanoines réguliers de St-Sauveur de Lorraine, institua les religieuses de Notre-Dame, vouées à l'instruction des filles, et mourut en odeur de sainteté. Il a été béatifié en 1730.

FOURIER (J. B. J.), géomètre, né à Auxerre en 1768, mort en 1830, fut élevé par les Bénédictins à l'École militaire d'Auxerre et était destiné à l'état monastique; mais il préféra s'adonner aux sciences. Connu de bonne heure par des travaux importants, il fut attaché en 1795 à l'École polytechnique, où il enseigna l'analyse, fit partie de l'expédition d’Égypte, devint secrétaire de l'Institut d’Égypte, et rédigea en cette qualité l’Introduction au grand ouvrage publié par cette compagnie. Il fut nommé préfet de l'Isère en 1802 : dans ce poste, qu'il conserva jusqu'à la Restauration, il sut rapprocher tous les partis. L'Académie des sciences l'admit dans son sein en 1817, et le choisit pour secrétaire perpétuel à la mort de Delambre; il fut élu en 1827 membre de l'Académie française. Fourier est surtout connu pour sa Théorie analytique de la chaleur, 1822, in-4, ouvrage dans lequel il approfondit, au moyen des mathématiques, toutes les questions relatives à cet important sujet. On lui doit aussi plusieurs mémoires épars dans différents recueils; des Rapports sur les progrès des sciences mathématiques, 1822-29, et des Éloges de Delambre, W. Herschell et Bréguet. Son Éloge a été prononcé par Arago, de l'Académie des sciences, et par M. V. Cousin, de l'Académie française.

FOURIER (Ch.), fondateur de l'école d'économistes dite sociétaire ou phalanstérienne, né à Besançon en 1768, mort à Paris en 1837, était fils d'un marchand de draps, et fut commis dans diverses maisons de commerce jusqu'à l'âge de 50 ans. Il se livra de bonne heure et solitairement à des recherches spéculatives sur l'organisation de la société, et publia ses idées dès 1808, sous le titre de Théorie des quatre mouvements: il s'y proposait de fonder un ordre