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vince en litige. Pendant les dix ans de paix dont jouit ensuite la Prusse, Frédéric fit fleurir le commerce, l’industrie et les arts, encouragea les sciences et les lettres, les cultiva lui-même avec succès, appela à sa cour Voltaire, Diderot, d’Alembert, Maupertuis, etc., et éleva son royaume à un si haut point de gloire et de prospérité que les autres puissances en furent inquiètes. En 1756, commença la guerre dite de Sept ans ; l’Autriche étant parvenue à mettre dans ses intérêts la France, la Saxe, la Suède et la Russie, ces puissances se coalisèrent contre Frédéric, qui n’avait qu’un allié peu sûr, l’Angleterre. Il eut à livrer dans cette guerre 16 combats : malgré des efforts inouïs, il fut un instant chassé de la plus grande partie de son royaume ; mais il se releva tout à coup en battant à Rosbach les armées française et autrichienne commandées par le général de Soubise (1757), reconquit bientôt tout ce qu’il avait perdu, et signa en 1763 la paix d’Hubertsbourg, qui lui assurait de nouveau la Silésie. Sorti vainqueur de cette longue lutte, Frédéric reporta ses vues sur l’intérieur du royaume, répara les maux de la guerre, fit renaître l’abondance et la prospérité, et proclama dans ses États la tolérance religieuse. En 1772, il prit part au démembrement de la Pologne et se fit adjuger la Prusse occidentale. En 1778, il s’opposa à l’occupation de la Bavière par l’empereur Joseph II : il força ce prince à signer le traité de Teschen, 1779. Frédéric II est assurément un des grands rois des temps modernes : il éleva son petit État au rang d’une grande puissance qui fut longtemps l’arbitre de la paix et de la guerre en Europe. Doué surtout du génie de la guerre, il n’arrêtait souvent ses plans que sur le champ de bataille. Il se montra dans toute sa carrière le plus intrépide des soldats, le plus habile et le plus tenace des politiques. Ce prince a laissé plusieurs ouvrages, tant en vers qu’en prose, tous écrits en français, sa langue de prédilection. Trop souvent, il y professe des doctrines antireligieuses. On y remarque l’Anti-Machiavel, écrit avant son avénement ; les Poésies du philosophe Sans-Souci (nom qu’il prenait dans ses écrits) ; l’Art de la guerre, poëme en 6 chants ; des Mémoires historiques, et une Correspondance des plus intéressantes. Le roi de Prusse Frédéric-Guillaume II a fait faire à ses frais une magnifique édition des Œuvres complètes de Frédéric II, 33 vol. in-8 (1840-1857). Ses Mémoires ont été publiés conformément au manuscrits originaux par Boutaric et Campardon, 2 vol. in-8, 1866. La Vie de Frédéric II a été écrite par Denina et par Paganel.

FRÉDÉRIC-GUILLAUME II, né en 1744, mort en 1797, était neveu du grand Frédéric et lui succéda en 1786. Il se livra sans aucun ménagement à son goût pour le plaisir, et sacrifia d’habiles ministres et de bons généraux aux caprices de ses maîtresses ; il se laissa en outre aller aux rêveries des Illuminés, qui égarèrent son imagination et l’entraînèrent dans des fautes ridicules ; il fit ainsi perdre à la Prusse la majeure partie de sa prépondérance. Après avoir joué un rôle peu honorable dans la guerre qui éclata en 1787 entre la Porte et la Russie, il fut, contre toute attente, le premier à proposer, en 1791, la coalition de Pillnitz contre la République française. Son armée, sous les ordres du duc de Brunswick, envahit la France et s’avança jusque dans les plaines de Champagne ; l’on s’attendait à la voir marcher sur Paris, lorsqu’elle se retira tout à coup et se reporta sur le Rhin. Il fit avec la France une paix à part en 1795. Dans les années précédentes, il avait pris part avec la Russie aux nouveaux partages de la Pologne et avait acquis la Prusse méridionale.

FRÉDÉRIC-GUILLAUME III, fils du préc., né en 1710, mort en 1840, succéda à son père en 1797. Il garda jusqu’en 1805 la neutralité dans les diverses coalitions formées contre la France ; mais il finit par céder aux instances de la Russie. La campagne de 1806, couronnée par la victoire d’Iéna, ouvrit aux Français les portes de Berlin (où le roi ne put rentrer qu’en 1809), et le traité de Tilsitt lui enleva la moitié de son territoire. Rentré dans sa capitale, Frédéric-Guillaume s’appliqua à réparer les maux de la guerre ; mais de nouveaux désastres l’attendaient, et ses États eurent encore beaucoup à souffrir pendant les guerres sanglantes de 1812 à 1814. Après la bataille de Waterloo, la Prusse ne tarda point à se relever sous l’administration sage et paternelle de Frédéric, dont les efforts constants et la modération contribuèrent puissamment à maintenir la paix européenne. Cependant il fut toute sa vie fort hostile aux Catholiques. Ce prince avait épousé en 1793 Louise-Amélie, fille du duc de Mecklembourg-Strélitz, pour laquelle il ressentit toujours l’amour le plus vif : Il la perdit en 1810. En 1824, il contracta un mariage morganatique avec la comtesse Augusta de Harrach, qu’il nomma princesse de Liegnitz et comtesse de Hohenzollern.

FRÉDÉRIC-GUILLAME IV, fils du préc., né en 1795, m. en 1861 (le 1er janv.), monta surie trône en 1814. Il porta dans les affaires une grande irrésolution. Après avoir promis une constitution, il l’ajourna pendant plusieurs années ; cependant il convoqua en 1847 les États généraux, mais trop tard pour conjurer l’orage. En 1848, il vit éclater dans Berlin une émeute terrible et fut contraint de saluer de son balcon les cadavres des insurgés. Il donna enfin une constitution (5 déc. 1848), mais il s’empressa de la modifier dès que le danger fut passé. Après une tentative intempestive de ses partisans pour reprendre Neuchâtel en Suisse, il consentit à renoncer à ses droits sur cette principauté (1857). L’Allemagne du Nord lui doit le Zollverein. Atteint en 1857 d’un affaiblissement mental, il laissa l’administration à son frère, le prince Frédéric-Guillaume, auj. régnant.

Danemark.

FRÉDÉRIC I, roi de Danemark et de Norvége, né en 1471, mort en 1533, fils de Christian I, fut choisi en 1523 pour succéder à Christian II, son neveu, qui venait d’être déposé. Il se maintint sur le trône par une habile politique, fit alliance avec Gustave Wasa, roi de Suède, et avec les villes anséatiques, et gagna la noblesse par ses libéralités. Il introduisit le Luthéranisme dans ses États (1526). On lui reproche la conduite qu’il tint à l’égard de Christian II, qu’il fit emprisonner au mépris des conventions.

FRÉDÉRIC II, roi de Danemark et de Norvège, né en 1534, mort en 1588, succéda en 1559 à son père Christian III, et conquit le pays des Ditmarses, qu’il partagea avec les duc de Holstein. De 1561 à 1570, il eut à soutenir la guerre contre la Suède pour le motif le plus futile : il s’agissait de savoir lequel des deux monarques porterait sur son écusson les trois couronnes de Danemark, Suède et Norvége, autrefois unies. Cette guerre fut terminée par la paix de Stettin, qui reconnut au Danemark la Norvège, la Scanie, la Blékingie et le Gothland. Frédéric protégea les sciences et l’industrie : il donna à Tycho-Brahé l’île de Hewen pour y construire le fameux observatoire d’Uranienborg.

FRÉDÉRIC III, roi de Danemark et de Norvége, né en 1609, mort en 1670, succéda en 1648 à son père Christian IV. Assiégé dans Copenhague en 1658 par Charles Gustave, roi de Suède, il fut délivré par le courage des habitants. En 1660, après s’être fait de sûrs appuis du clergé et de la bourgeoisie, il obtint une autorité absolue, et le trône, auparavant électif, fut rendu héréditaire dans sa famille. Homme crédule, ce prince perdit beaucoup d’argent à la recherche de la pierre philosophale.

FRÉDÉRIC IV, roi de Danemark et de Norvége, né en 1671, mort en 1730, succéda à son père Christian V en 1699, se ligua avec le czar Pierre I contre le roi de Suède Charles XII, mais fut bientôt contraint à signer une paix honteuse à Travendahl (1700). Lors du désastre de Charles XII à Pultawa, il reprit les armes et parvint à enlever au roi de Suède plusieurs places, notamment Stralsund. La mort de