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rection générale des contributions, devint en 1791 un des commissaires de la Trésorerie créée par l’Assemblée nationale, accepta le portefeuille des finances après le 18 brumaire (1799) et le garda jusqu’à la chute de l’Empire. Il releva le crédit, établit le système de contributions directes qui nous régit encore, exécuta le cadastre, et fit créer le ministère du Trésor, ainsi que la Cour des comptes. Il fut en récompense nommé duc de Gaëte (1809) et resta jusqu’au bout fidèle à Napoléon. Accusé d’avoir aidé l’empereur à spolier le trésor, il vit son innocence proclamée par Louis XVIII lui-même. Nommé gouv. de la Banque en 1820, il conserva ces fonctions jusqu’en 1834. Gaudin a publié des Mémoires et Souvenirs (3 vol. in-8, 1826-34).

GAUGAMELA, vaste plaine de l’anc. Assyrie, à l’O. du Tigre et près d’Arbèles. C’est là que se livra la fameuse bataille vulgairement dite d’Arbèles.

GAULANITIDE, petit pays de Palestine, s’étendait depuis le mont Hermon au S. jusqu’au fleuve Hiéromax et avait pour v. princ. Gaulon et Gamala.

GAULE. On désignait sous ce nom : 1° la Gaule proprement dite ou Gaule Transalpine (France actuelle) ; 2° la Gaule Cisalpine (Italie septentrionale) ; 3° la préfecture des Gaules, qui comprenait avec la Gaule Transalpine les îles Britanniques et l’Hispanie.

I. GAULE proprement dite, appelée par les Romains Gallia Transalpina, parce qu’elle était située par rapport à eux au delà des Alpes, contrée de l’Europe anc., comprenant à peu près la France actuelle, plus la Belgique, avait pour limites au N. la Manche (Oceanus britannicus) et la mer du Nord (Oceanus germanicus), à l’E. le Rhin et les Alpes, au S. la Méditerranée et les Pyrénées, à l’O. l’Océan Atlantique. Elle était habitée, avant l’arrivée des Romains, par des peuples de quatre races différentes : 1° des Celtes ou Galls ; 2° des Germains (Kymris ou Cimbres, Belges et Volques, Volcæ), venus postérieurement ; 3° des Ibères ou Ligures ; 4° des Grecs (les Massiliotes et leurs colonies). Ce pays n’avait pas de nom général, ni même de division géographique reconnue avant la conquête de César. Les Grecs l’appelaient vaguement Celtique. Les Romains, qui en possédaient depuis l’an 123 av. J.-C. une portion au S. E., qu’ils appelaient Provincia (la Provence moderne), ne connaissaient pas les limites et l’étendue du reste.

Lors de la conquête de César (59 av. J.-C.), on distinguait dans la Gaule deux parties : la Province romaine, dite aussi Gallia braccata, à cause des braies ou hauts-de-chausses que portaient les habitants ; la Gaule libre, ou chevelue (Gallia comata), ainsi nommée à cause des longs cheveux qui distinguaient ses habitants. Celle-ci se subdivisait : 1° en Belgique, alors bornée au N. et à l’E. par le Rhin (Rhenus), au N. O. par la mer de Germanie, au S. O. par la Marne (Matrona) et la Seine (Sequana) : 2° en Aquitaine, entre l’Océan, la Garonne et les Pyrénées ; 3° en Gaule propre ou Celtique, entre le Rhône, la Garonne, l’Océan, la Seine, la Marne, et la partie inférieure du Rhin. À cette époque, la Gaule comptait, dit-on, 400 peuples et 800 villes, formant des confédérations où les plus faibles étaient groupés à divers titres comme sujets ou comme clients autour des plus puissants. Ceux-ci étaient : l° dans la G. Belgique, les Bellovaci, Suessiones, Remi, Treveri, Nervii ; 2° dans la Celtique, les Helvetii, Sequani, Ædui, Arverni, Armorici, Carnutes, Senones ; 3° en Aquitaine, les Tarbelli et les Ausci. Il faut y ajouter, dans la Province romaine, les Allobroges, les Cavares, les Tolosates. — Auguste partagea la Gaule en 4 grands départements : Narbonnaise, Aquitaine, Lyonnaise et Belgique. Dans cette dernière, la contrée située sur la r. g. du Rhin fut sous-divisée en Germanique supérieure et Germanique inférieure (dites plus tard 1re et 2e) ; l’Aquitaine s’étendit au N. jusqu’à la Loire. — Lors de l’organisation de l’empire sous Constantin, la Gaule propre fut comprise avec la Bretagne romaine, l’Hispanie, et la Mauritanie Tingitane, dans la Préfecture des Gaules ; elle forma un des trois diocèses de cette préfecture et se subdivisa elle-même en 17 provinces dont voici le tableau :

Provinces Chefs-lieux. Pays modernes correspondants.
Germanie ou Germanique 1re ou supérieure, Moguntiacum (Mayence), Grand-duché du Bas-Rhin. — Hesse-Darmstadt. — Bavière Rhénane. — Départements français du Haut et du Bas-Rhin.
Germanie ou Germanique 2e ou inférieure, Colonia Agrippina (Cologne), Pays-Bas : Hollande méridionale, Gueldre méridionale, Nord-Brabant, Zélande, Anvers, Limbourg ; Liége, Namur. — Grand-duché du Bas-Rhin.
Belgique 1re, Treveri (Trèves), Grands-duchés du Bas-Rhin et de Luxembourg. — Départements français : Meuse, Moselle, Meurthe, Vosges, Haute-Marne.
Belgique 2e, Remi (Reims), Pays-Bas : Flandre, Hainaut. — Départements français : Nord, Pas-de-Calais, Somme, Oise, Aisne, Marne, Haute-Marne.
Lyonnaise 1re, Lugdunum (Lyon), Haute-Marne, Côte d’or, Nièvre, Allier, Saône-et-Loire, Rhône, Loire, Ain.
Lyonnaise 2e, Rotomagus (Rouen), Seine-et-O., Seine-Inf., Eure, Calvados, Orne, Manche.
Lyonnaise 3e, Cæsarodunum (Tours), Finistère, Côtes-du-N., Ille-et-Vil., Morbihan, Loire-Inf., Mayenne, Sarthe, Maine-et-L., Indre-et-L.
Lyonnaise 4e, Senones (Sens), Seine-et-Marne, Seine, Seine-et-Oise, Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, Loiret, Nièvre, Yonne, Aube.
Grande Séquanaise, Vesontio (Besançon), Haute-Saône, Doubs, Jura, Saône-et-Loire, Ain.
Aquitaine 1re, Avaricum (Bourges), Cher, Indre, Creusa, H.-Vienne, Corrèze, Puy-de-D., Allier, Lozère, Cantal, Aveyron, Lot, Tarn-et-G.
Aquitaine 2e, Burdigala (Bordeaux), Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, Vendée, Deux-Sèvres, Vienne, Charente-Inférieure, Charente, Gironde, Dordogne, Lot-et-Garonne, Gers.
Aquitaine 3e ou Novempopulanie, Convenæ, Ausci (Auch) ou Elusa (Eauze), Gironde, Landes, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Basses-Pyrénées, Ariége.
Narbonnaise 1re, Narbo Martius (Narbonne), H.-Garonne, Ariége, Pyrénées-Orient., Aude, Tarn-et-Gar., Tarn, Hérault, Gard, Lozère, Ardèche.
Narbonnaise 2e, Aquæ Sextiæ (Aix), B.-du Rhône, Var, Vaucluse, B.-Alp., H.-Alp., Isère.
Viennaise, Vienna (Vienne), B.-du-Rhône, Vaucluse, Drôme, Isère, Ain, Savoie.
Alpes Maritimes, Ebrodunum (Embrun), Var, Basses-Alpes, Hautes-Alpes, Alpes maritimes. — Suisse : canton de Genève.
Alpes Grecques et Pennines, Darantasia (Moutiers-en-Tarentaise), Savoie. — Suisse : canton du Valais.

Au Ve siècle la Viennaise fut partagée en 1re et 2e, et alors il y eut 18 provinces en Gaule.