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Les principales villes des Gaulois avant la conquête étaient (indépendamment des villes antiques de Massilia, Tolosa, Narbo) Gergobia, Uxellodunum, Avaricum, Genabum, Bibracte, Vesontio, Aventicum, Alesia, Durocortorum, Agendicum, Autricum, Bratuspantium, Treveri. Sous les Romains beaucoup d'autres villes devinrent importantes, les unes fondées par eux, comme Aquæ Sextiæ ou Aix, Lugdunum ou Lyon, Colonia Agrippina ou Cologne, les autres antérieures à leur domination: Arelate, Avenio, Arausio, Vienna, Cularo ou Gratianopolis, Noiodunum (Nyons), Nemausus (Nîmes), Cossio ou Vasates, Elusa, Aquæ Tarbellicæ, Burdigala, Divona ou Cadurci, Limonum ou Pictavi, Nemetum ou Arverni, Nevirnum, Turones, Suindinum ou Cenomani, Lutetia ou Parisii, Nemetacum ou Atrebates, Samarobriva ou Ambiani, Tungri, Argentoratum, Moguntiacum. C'est à Trêves que résidait le préfet des Gaules.

Les Gaulois ne commencent à figurer dans l'histoire qu'au VIe siècle av. J.-C. Vers l'an 587, des bandes gauloises, chassées de leur territoire par l'invasion des Kymris, allèrent s'établir en Germanie sous Sigovèse, en Italie sous Bellovèse; et pendant 67 ans cette émigration continua vers l'Italie septentrionale, d'où elle fit disparaître la domination étrusque, et qui prit alors le nom de Gaule Cisalpine. Ils firent d'autres invasions dans l'Italie centrale (390-348), où ils furent un moment maîtres de Rome (389) ; en Grèce (279 et 278), où ils ne furent détruits que par la fureur des éléments; en Asie, où ils fondèrent un État fédératif (la Galatie). Ils acquirent par là une grande réputation de bravoure et devinrent la terreur des pays qu'ils avaient envahis. Après de longues guerres, les Romains soumirent la Gaule Cisalpine (310-163), et bientôt après ils attaquèrent la vraie Gaule, la Gaule au N. O. des Alpes. Appelés d'abord au secours des Massiliens, ils défirent les Décéates et les Oxybiens, qui les menaçaient, battirent en plusieurs occasions, de 125 à 118, les Salluves, les Ligures, les Voconces, les Allobroges, les Arvernes, et formèrent dès lors la Province romaine (121), qui dans l'origine ne comprenait que des pays situés à l'E. du Rhône, mais qui à partir de l'an 106 embrassa les Helviens, les Arécomiques, les Tectosages, les Tolosates et les Sardones. De 58 à 50, César soumit le reste de la Gaule. Depuis ce temps, sauf les révoltes de peu de durée (V. CIVILIS, CLASSICUS, SABINUS, POSTHUME, VICTORINUS, TETRICUS), Ce pays resta soumis aux Romains jusqu'à l'invasion de 406. Leur domination n'y cessa totalement qu'en 486 (à l'époque de l'établissement des Francs).

La religion des Gaulois était le druidisme (V. DRUIDES); leur langue était le celtique ou gaélique (V. GAÉLIQUE); leur civilisation était peu avancée : de puissantes corporations de prêtres, des nobles guerriers, autour desquels se groupaient des espèces de clans, une population agreste de serfs, voilà quels étaient les éléments de la nation gauloise. Dans les cas de guerre générale, plusieurs grandes nations s'unissaient par des confédérations pour mieux résister à l'ennemi; on élisait un chef qui avait autorité sur tous. Les vêtements nationaux étaient la saie (sagum) et les pantalons (braccæ); les armes vulgaires, l'angon (espèce de javelot) et le gais (gæsum, espèce de pieu) ; les sabres étaient de cuivre et mal trempés. — M. Amédée Thierry a donné l’Histoire des Gaulois. Une Carte des Gaules a été entreprise en 1869 par ordre de l'empereur Napoléon III.

II. GAULE CISALPINE, Gallia Cisalpina (auj. États sardes, royaume Lombard-Vénitien, Émilie, etc.), partie sept. de l'Italie, ainsi nommée de sa position en-deça des Alpes relativement aux Romains. On la nommait aussi quelquefois Gallia togata. Elle avait pour limites à l'O. le Var et les Alpes, au N. les Alpes et les lacs situés à leur pied, à l'E. le territoire de Tergeste (Trieste), au S. le Rubicon et l'Arno ou la Macra. Elle était divisée en 4 régions, dont les deux premières étaient séparées par le Padus (le Pô) : 1° Gaule Cispadane (auj. duchés de Parme et de Modène, Bolonais, Ferrarais et Romagne); villes : Placentia et Ravenne; 2° Gaule Transpadane (auj. Piémont septentrional et Milanais); villes : Augusta Prætoria, Augusta Taurinorum, Segusio; 3° Ligurie (auj. duché de Gênes), au S. O; villes : Genua, Albium Intemelium; 4° Vénétie et Istrie (auj. pays Vénitien), au N. E.; villes : Adria, Palavium. — Sous Constantin, la Gaule Cisalpine fut partagée: 1° en Gaule Cispadane, subdivisée en Flaminie, Æmilie, Picenum; 2° en Gaule Transpadane, subdivisée en Vénétie, Istrie et Ligurie. On y ajouta les Alpes Cottiennes, près des sources du Pô, et les deux Rhéties qui avaient appartenu à la Germanie. — Le nom de Gaule Cisalpine s'appliquait plus spécialement à la Cispadane et à la Transpadane; car ces deux contrées avaient pour principaux habitants des Gaulois, tandis que les Ligures étaient Ibères, et que les Vénitiens semblent être de race slave. — La G. Cisalpine, primitivement peuplée de Pélasges, fut ensuite soumise en partie par les Rasènes ou Étrusques, qui formèrent, au N. et au S. du Pô, une confédération de 12 cités. De 587 à 520 les Étrusques furent assujettis ou chassés par les Gaulois, qui fondèrent dans ce pays les v. de Mediolanum, de Brescia, de Vérone, etc. C'est de la G. Cisalpine devenue gauloise que partirent les expéditions qui de 390 à 348 firent trembler Rome. En 312, les Sénones s'unirent aux Étrusques pour repousser les attaques de Rome, mais ils furent vaincus. Ils reprirent les armes avec les Ombriens et d'autres Gaulois en 299, et furent encore battus, surtout en 283, au lac Vadimon. Les Gaulois Boïens et les Insubres éprouvèrent le même sort de 238 à 232, de 225 à 322. Lors de la 2e guerre punique, ils se déclarèrent pour Annibal et firent du mal aux Romains, surtout en 215, à la bataille de Litana Sylva. Victorieuse de Carthage, Rome se vengea des Gaulois cisalpins : elle soumit successivement les Cénomans (197), les Insubres (194), les Boïens (192), les Liguriens (189-163), le littoral de la Vénétie (183), les Euganéens (117), les Carnes (115); enfin Auguste, en réduisant les Salasses, acheva la soumission de toute cette contrée.

III. GAULES (préfecture des), grande division établie par Constantin. V. ci-dessus GAULE (en général).

GAULE CISPADANE et TRANSPADANE, subdivisions de la Gaule Cisalpine. V. GAULE CISALPINE.

GAULMIER (Eugène), poëte, né en 1795 à St-Amand (Cher), était fils d'un receveur des finances. Après s'être destiné successivement à la médecine, au droit, à l'Église, il se voua à l'enseignement et professa avec distinction la rhétorique à Nevers, à Reims, à Bourges. Il cultivait en même temps la poésie avec une ardeur qui lui devint funeste : il succomba prématurément, en 1829, à une affection cérébrale. Il avait composé un grand nombre de poésies où brillent des beautés de premier ordre, et avait entrepris de traduire Tibulle ; ses œuvres éparses ont été recueillies par ses anciens élèves (3 vol. in-8, 1830). On y remarque, outre sa trad. de Tibulle, son Ode sur le dévouement de Malesherbes, couronnée en 1821 par l'Académie française, ses pièces sur le Dévouement des médecins français à Barcelone, sur la Traite des Nègres, l’Élégie sur la mort d'un écolier, la Jeune mère mourante, l’Ode à Manuel, les Souvenirs du poëte, ainsi qu'un discours sur les Nouvelles doctrines littéraires, où il combat les tendances romantiques.

GAULMIN (Gilbert), né à Moulins en 1585, mort en 1665, avait été intendant du Nivernais et conseiller d'État, il était très-versé dans les langues grecque et orientales. On a de lui des trad. latines des romans de Rhodante et Dosiclès de Théodore Prodromus, 1625; d’Ismène et Isménie d'Eumathe, 1618; du livre anonyme De Vita et morte Mosis, hébreu et latin, avec notes, 1629, et du Livre des lumières en la conduite des rois, de Pilpay, 1644.

GAULNA ou GALNA, v. forte de l'Inde anglaise