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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/318

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et qu’on appendait alors dans la cathédrale de Paris. Comme Condé, son maître, il se faisait remarquer par l’impétuosité, le coup d’œil rapide, l’inspiration soudaine; mais son indolence et ses habitudes de grand seigneur l’empêchèrent souvent de recueillir les fruits de la victoire. Il mourut à Versailles en 1695. Il avait épousé en 1661 l’héritière de la maison de Luxembourg-Piney : c’est depuis cette époque qu’il joignit à son nom et à ses armes les armes et le nom de Luxembourg. — Un de ses fils, Christian Louis, duc de Montmorency-Luxembourg (1675-1746), fut fait maréchal par Louis XV en 1734, après s’être distingué à Oudenarde, à Lille, à Malplaquet, à Bouchain, à Denain, et avoir fait capituler Philipsbourg (1733). — Son neveu, Ch. Fr. Fréd. de Montmorency-Luxembourg (1702-64), devint aussi maréchal sous Louis XV, mais il ne commanda jamais en chef. Retiré dans sa terre de Montmorency, il y recueillit J. J. Rousseau, qui s’est plu dans ses écrits à faire son éloge. — La femme de ce dernier (1707-87), connue d’abord sous le nom de marquise de Boufflers, jouit sous Louis XV d’une grande célébrité par sa beauté et son esprit.

LUXEMBOURG (le), palais et jardin de Paris, situé rue de Vaugirard, en face de la rue de Tournon, entre celles de l'Est et de l'Ouest. Ce palais, l'un des plus beaux et des plus vastes édifices de la capitale, a la forme d'un parallélogramme allongé et se compose de 8 gros pavillons carrés, à toiture pyramidale, reliés entre eux, sur les parties latérales, par deux petits corps en retraite, et deux grandes galeries. Il a deux façades, l'une au N., sur la ville, l'autre, au S., sur le jardin. Son architecture est une imitation du style des palais toscans, surtout du palais Pitti à Florence; elle se distingue par la régularité, par la sévérité des formes et la pureté des profils. — Ce palais fut construit de 1615 à 1620 par Marie de Médicis, veuve de Henri IV, sur l'emplacement d'un hôtel qui avait appartenu au duc de Luxembourg-Piney, dont il retint le nom : J. Debrosse en fut l'architecte. Habité d'abord par la reine mère, il fut donné par elle à son 2e fils, Gaston d'Orléans, après la mort duquel il revint à Louis XIV. Louis XVI le donna à son frère, Monsieur, depuis Louis XVIII. Après la chute de la monarchie, il devint propriété nationale et fut converti en prison pendant la Terreur. En 1795, il fut affecté au Directoire exécutif, et, après le 18 brumaire (1799), aux consuls : il prit alors le nom de Palais du Consulat. En 1801, il reçut le Sénat conservateur, et, en 1814, la Chambre des pairs. En 1852, il fut de nouveau affecté au Sénat. Toute la partie orientale du palais est consacrée à un musée de peinture pour les œuvres des artistes vivants. — De 1836 à 1841, on l'agrandit en construisant en avant de l'anc. façade sur le jardin la façade actuelle, qui est semblable à l'ancienne, et, entre les bâtiments, une nouvelle salle des séances de la Chambre des pairs et une bibliothèque. Ces travaux furent exécutés par M. de Gisors, qui a donné une description du palais, 1847.

On connaît sous le nom de Petit Luxembourg un hôtel situé à l'O. du palais et presque contigu. Bâti par Marie de Médicis, ou, selon d'autres, par le cardinal de Richelieu, qui l'habita quelque temps, cet hôtel devint dans la suite la propriété du prince de Bourbon-Condé, ce qui le fit appeler aussi le Petit Bourbon. Il fut affecté en 1814 au logement du président de la Chambre des Pairs, en 1852 au président du Sénat. On l'attribue à Germain Boffrand.

LYXEUIL, Lyxovium, ch.-l. de c. (H.-Saône) à 15 k. N. O. de Lure; 3628 h. Collége. Kirschwasser estimé, jambons, chapeaux de paille, forges, etc. Eaux thermales, salines. Luxeuil possédait jadis un fameux monastère, fondé en 590 par S. Colomban, et où furent enfermés Ébroin et S. Léger (673). Ce monastère fut ravagé par les Sarrasins au VIIIe siècle, mais relevé par Charlemagne. La règle de S. Benoît y fut alors substituée à celle de S. Colomban. Les abbés de Luxeuil furent souverains de la ville jusqu'en 1594. L'abbaye subsista jusqu'à la Révolution; ses bâtiments sont occupés auj. par un séminaire. Patrie du cardinal Joffrédy.

LUXOR. V. LOUQSOR.

LUYNES, nommé d'abord Maillé, bourg du dép. d'Indre-et-Loire, sur la r. dr. de la Loire, à 10 k. O. de Tours, est adossé à un rocher, dans lequel sont creusées beaucoup d'habitations; 1000 h. Vieux château qui domine la ville. Passementerie, rubans noirs, etc. Cette ville a reçu son nom actuel du connétable d'Albert de Luynes, pour qui elle fut érigée en duché. Autrefois plus considérable, elle fut ruinée par la révocation de l'Édit de Nantes. Pendant la Révolution, on l'appelait Roche-sur-Loire.

LUYNES (maison D'ALBERT de), famille originaire de Toscane, que l'on fait remonter à Thomas Alberti, frère du pape Innocent VI, qui vint au commencement du XVe siècle s'établir à Pont-St-Esprit, dans le comtat Venaissin. Léon d'Albert, un de ses descendants, qui le premier donna à son nom une forme française, possédait la seigneurie de Luynes à titre de comté, dès 1540. Cette seigneurie fut érigée en duché-pairie en faveur de Charles d'Albert. V. ci-après.

LUYNES (Ch. D'ALBERT, duc de), favori de Louis XIII, né au Pont-St-Esprit en 1578, fut d'abord page de Henri IV, qui le plaça auprès de son fils (depuis Louis XIII). Il sut se concilier l'affection de son jeune maître, surtout par son talent à élever les oiseaux de chasse, et ce prince, une fois monté sur le trône (1610), le combla de faveurs et de dignités. De Luynes hâta la perte du maréchal d'Ancre (1617), s'empara, après le meurtre du favori, de toute l'autorité, et fit exiler la reine mère afin de régner sous le nom du roi. Il ne tarda pas à se rendre à son tour odieux par son ambition et son avidité, et excita quelques révoltes; mais il réussit à comprimer les mécontents. Déjà créé duc et pair (1619), il profita de l'avantage qu'il venait d'obtenir sur eux pour se faire nommer connétable (1621). Il fit déclarer la guerre aux Protestants et leur enleva quelques places; mais il échoua honteusement devant Montauban. Il succomba peu après (1621), d'une fièvre pourprée. Il était sur le point d'être disgracié. — Son fils, L. Charles, duc de Luynes et de Chevreuse, né en 1620, m. en 1690, se distingua d'abord dans les armes, puis il abandonna le monde pour se livrer tout entier à l'étude et à la religion : il se lia étroitement avec les solitaires de Port-Royal, travailla à la Bible de Sacy, publia lui-même divers ouvrages de piété, et traduisit du latin les Méditations de Descartes (1647). — Ch. Honoré de L., fils du précéd. (1646-1712), est connu sous le nom du duc de Chevreuse (V. ce mot), parce qu'il avait reçu en don la terre de Chevreuse de la fameuse duchesse de ce nom, son aïeule. — Le petit-fils de Ch. Honoré, Ch. Philippe, duc de L., 1695-1758, pair de France, maistre de camp, épousa en 1710 Jacqueline de Bourbon-Soissons, fille d'un prince légitimé, et en 1732 la marquise de Béthune-Charost, qui devint dame d'honneur de la reine Marie Leckzinska. Il vécut, ainsi que sa femme, dans l'intimité de cette princesse : ainsi placé de manière à tout observer, il rédigea des Mémoires, qui vont de 1735 à 1758 et qui se distinguent par l'impartialité autant que par l'exactitude. Ces Mémoires, longtemps restés inconnus, ont été publiés en 1860-62, sous le patronage du duc actuel de Luynes, par MM. Dussieux et Soulié, en 14 vol. in-8. — L. Joseph Amable, duc de Luynes, petit-fils du préc., né en 1748, m. en 1807, épousa Élisabeth de Montmorency-Laval. Député de la noblesse de Touraine aux États généraux de 1789, il prit part à toutes les mesures sagement libérales de l'Assemblée constituante. Pendant la Terreur il resta en France : l'estime et l'affection universelles le mirent à l'abri de la proscription. Il fut appelé au Sénat en 1803. — Son petit-fils, Honoré Théodoric, duc de Luynes (1802-1867), a été membre de l'Institut, et s'est illustré par son goût pour les arts et ses travaux numismatiques. — Le petit-fils de ce dernier est mort dans la guerre franco-allemande, à Patay (8 déc. 1870).