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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/321

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LYNCH (loi de), Lynch-law. On désigne ainsi cette justice sommaire que le peuple exerce aux États-Unis d’Amérique contre les individus qui jouissent de l’impunité par l’insuffisance des lois. Il les pend, ou leur inflige un certain nombre de coups de fouet. On dérive ce nom d’un certain John Lynch, colon de la Caroline au XVIe siècle, que ses concitoyens investirent d’un pouvoir discrétionnaire afin de juger et de réprimer immédiatement les désordres inséparables d’une colonie naissante. Cette mesure aurait été adoptée par les autres États de l’Amérique du Nord pour des circonstances semblables : il en a été fait depuis 1848 de fréquentes applications en Californie.

LYNN, v. des États-Unis (Massachussets ), à 16 k, N. E. de Boston ; 15 000 h. Banque ; plusieurs établissements d’instruction. Grande fabrication de chaussures de femmes.

LYNN-REGIS ou KING’S LYNN, v. d’Angleterre (Norfolk), à 60 kil. N. O. de Norwich ; 13 510 hab. Bon port, à 16 kil. de la mer du Nord. Grand commerce d’exportation et d’importation.

LYON, Lugdunum, la 2e ville de France, ch.-l. du dép. du Rhône, au confluent du Rhône et de la Saône, à 468 k. S. E. de Paris, à 512 par ch. de fer ; 292 721 h. en 1857, y compris les anciennes communes de la Croix-Rousse, la Guillotière, et Vaise, réunies à Lyon en 1852. Archevêché, qui date du IIe siècle et dont le titulaire est Primat des Gaules ; cour d’appel, trib. de 1re inst. et de commerce ; académie univ. ; ch.-l. de division militaire ; chambre de commerce et bourse. La ville, dominée au N. par les monts Fourvières et St-Sébastien, offre un aspect magnifique ; belles promenades, grands faubourgs (la Guillotière, les Brotteaux, la Croix-Rousse, Vaise), places Bellecour, des Terreaux, de Louis XVIII ; beaux et vastes quais, plusieurs ports ; 17 ponts, parmi lesquels on remarque le pont St-Jean ou de l’Archevêché, le p. Morand, le p. des Cordeliers, le p. en fil de fer conduisant à l’île Barbe. Rues bien percées en général, mais étroites, ce qui donne à la ville un aspect un peu sombre : on remarque la rue Centrale, ouverte en 1853, la rue Impériale, en 1855. Monuments principaux : hôtel de ville, hôpital général, cathédrale (St-Jean), églises St-Nizier, St-Irénée, avec une crypte curieuse, d’Ainay, sur l’emplacement d’un temple d’Auguste ; Notre-Dame-de-Fourvières, dont le clocher a été surmonté en 1853 d’une statue colossale de la Vierge, et qui est un but de pèlerinage très-fréquenté ; l’église des Chartreux, dont on admire le dôme, le chœur et l’autel ; le palais archiépiscopal, le Grand-Théâtre, la douane, le Palais de Justice, œuvre de P. Baltard ; l’Antiquaille, hospice des fous, sur les ruines du palais où naquirent Claude et Germanicus ; la gare des chemins de fer. D’immenses travaux de fortifications font de Lyon une place presque imprenable : la ville est défendue par une enceinte continue, au devant de laquelle s’élèvent 17 forts. Nombreux établissements d’instruction : facultés de théologie, de lettres, de sciences ; lycée, séminaire, école secondaire de médecine, école d’économie rurale et vétérinaire, école des arts et métiers, école de sourds-muets, école de dessin et peinture ; académie des sciences, belles-lettres et arts ; société d’agriculture, société de médecine ; riche bibliothèque, musée de peinture, jardin botanique, riche pépinière, conservatoire des arts. Industrie très-active : manuf. d’étoffes d’or et d’argent et de soieries en tout genre, qui occupent 600 métiers et qui sont sans rivales ; tulles, tissus de coton, couvertures, chapellerie, passementerie ; charcuterie renommée, surtout pour les saucissons ; produits chimiques, drogueries, liqueurs, faïenceries, teintureries, fonderies, etc. Commerce très-vaste, tant des produits de Lyon même et de ceux des environs que de commission : rubans et armes de St-Étienne, vins du Beaujolais et autres, épiceries, graines de toute espèce. Lyon est l’entrepôt de la Suisse et de tout l’Est de la France méridionale, et expédie immensément à l’étranger. Elle communique par ses bateaux à vapeur et ses chemins de fer avec les principales villes de France.

Fondée ou agrandie vers 41 av. J.-C. par titans Munatius Plancus, elle prit de là le nom de Lucii Dunum, d’où Lugdunum, (D’autres dérivent ce nom du celtique lok ou log, petit temple, et de dun colline). Favorisée par Auguste et par ses successeurs, elle devint bientôt assez importante pour donner son nom à toute la Gaule celtique (V. LYONNAISE). Détruite en une nuit par un terrible incendie, en 59, elle fut relevée par Néron et embellie par Trajan, qui fit construire sur une des collines qui dominent la ville un édifice magnifique, le Forum Trajani, appelé plus tard Forum Vetus, dont on fit Fortvieil, puis, par corruption, Fourvières, nom que porte encore le quartier ou s’élevait cet édifice. Lyon brillait surtout alors par ses écoles d’éloquence. Décimée en 197 par Septime-Sévère, à qui elle avait résisté et qui défit Albinus sous ses murs, elle eut ensuite à subir tous les maux des invasions barbares, auxquels se joignirent les inondations, la peste et la famine. Au Ve s. Lyon fut, sous les fils de Gondioc, la capitale d’un des démembrements du royaume de Bourgogne : mais sa prospérité date surtout des XIe et XIIe siècles, après la réunion du royaume des deux Bourgognes à l’empire : elle devint alors à peu près ville libre, bien que les seigneurs Lyonnais et les archevêques de Lyon s’y disputassent sans cesse la souveraineté. Pour leur échapper, elle se mit sous la protection du roi de France Philippe le Bel, qui la réunit à la couronne en 1307. Ce prince érigea la seigneurie de Lyon en comté et en laissa l’administration à l’archevêque et au chapitre de St-Jean conjointement avec les échevins ou consuls. Louis XI, Louis XII et François I accrurent par leurs faveurs la prospérité de Lyon : c’est François I qui y introduisit la fabrication des étoffes de soie et des draps d’or et d’argent. Le voisinage de Genève favorisa à Lyon l’établissement de la Réformation. En 1560, les Calvinistes, exaspérés par la persécution, s’emparèrent de la ville : ils la gardèrent jusqu’en 1563. Redevenu maître de la place, Charles IX, par un édit rendu dans cette ville en 1563, interdit aux ministres protestants l’enseignement ainsi que les synodes. Les massacres de la St-Barthélemy (1572) y furent presque aussi sanglants qu’à Paris. Lyon prit parti pour la Ligue ; mais, après la mort de Henri III, elle reconnut Henri IV, qui vint la visiter en 1596. Sous Louis XIV, sa prospérité fut portée à un très-haut degré ; mais la révocation de l’édit de Nantes faillit ruiner son industrie. En 1709, les misères d’un hiver rigoureux vinrent encore aggraver la situation. Néanmoins Lyon comptait plus de 200 000 h. en 1793, lorsqu’elle se révolta contre la Convention : elle eut alors à subir un siége terrible, dirigé par le général Dubois-Crancé, et dont le résultat fut la destruction presque entière de la ville ; elle fut ensuite décimée par les commissaires de la Convention, Collot-d’Herbois, Couthon, Fouché ; le nom même de Lyon fut effacé, et remplacé par celui de Commune-Affranchie. Elle se releva sous l’Empire : l’introduction du métier Jacquard donna alors un grand essor à la fabrique, mais les révoltes d’ouvriers qui eurent lieu en 1831, 1834, 1848 et 1849, et l’inondation de 1840 l’ont encore cruellement fait souffrir ; en outre, les fabriques de soie fondées depuis le commencement du XIXe siècle en Suisse, en Allemagne, en Italie, lui ont enlevé d’importants débouchés. — L’église de Lyon fut l’une des plus florissantes des Gaules ; elle fut fondée au IIe s. par S. Pothin, qui en fut le premier évêque, et par S. Irénée. Il se tint à Lyon plusieurs conciles, notamment deux œcuméniques, en 1245 et 1274 : dans la dernier on s’occupa de la réforme du clergé et de la réunion des églises grecque et latine. Lyon possédait un chapitre célèbre où l’on ne recevait que des nobles, et dont les membres portaient le titre de Comtes de Lyon. — Cette ville a vu naître les empereurs Claude, Caracalla et Géta ; Sidoine-Apollinaire ; Louise Labé, Ph. Delorme, Coustou, Coysevox. Audran, Lemot ;