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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/678

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reçu avocat à 21 ans, mais se vit repoussé du barreau de sa ville natale comme calviniste, se rendit à Sedan, où il rédigea des lois pour cette ville à la demande du duc de Bouillon, puis séjourna à Bâle, où il publia quelques ouvrages d'érudition, rentra en France en 1670 à la faveur d'un édit de pacification, faillit périr à la St-Barthélemy, abjura bientôt après, fut nommé bailli de Tonnerre, puis procureur général à la chambre temporaire de Guyenne, se prononça pour Henri IV pendant la Ligue, et devint, après le triomphe de ce prince, procureur général au parlement de Paris. Il avait pris part à la composition de la Satire Ménippée et avait rédigé un Mémoire aux évêques, pour prouver qu'ils pouvaient sans le pape relever Henri de l'excommunication. On lui doit de plus : Corpus juris canonici (avec son frère François); Legum romanarum et mosaicarum collatio; Codex canonum vetus; Gallicœ ecclesisæ in schismate status; Commentaire sur la Coutume de Troyes; Libertés de l'Église gallicane, ouvragé mis à l’Index à Rome, mais souvent réimprimé en France (notamment par Dupin en 1824). Pithou est un de nos grands érudits : on lui doit la 1re publication de plusieurs ouvrages importants, tels que les Novelles et les Fables de Phèdre, restées jusque-là inconnues, ainsi que de bonnes éditions de Salvien, Juvénal, Pétrone. Il fonda le collége de Troyes. Grosloy et Boivin ont écrit sa Vie. — Son frère François P., né à Troyes en 1543, m. en 1621, élève de Cujas, abjura le calvinisme en 1575, devint avocat au parlement de Paris, se prononça contre les prétentions de l'Espagne sur la France, fut chargé après la paix de Vervins du règlement des limites sur la frontière du Nord, et fut procureur général à Troyes près d'une chambre spécialement chargée de poursuivre les malversations financières. Il a laissé un Glossaire pour l'intelligence des Capitulaires et de la loi salique, et des traités De la grandeur des droits et prérogatives des rois et du royaume de France, De l'Excommunication et de l'Interdit, et a participé à la plupart des travaux philologiques de son frère.

PITISCUS (Barthélemy), mathématicien, né en 1561 a Schlaune en Silésie, m. en 1613, a laissé : Trigonometriæ libri V, item Problematum libri X (1599, 1608, 1612), a édité le Thesaurus mathematicus, de Rheticus, 1613, et a corrigé le Magnus Canon doctrinæ triangulorum du même auteur. — Samuel P., son petit-neveu, né à Zutphen en 1637, m. en 1707, fut recteur du collége de Zutphen, puis de celui d'Utrecht. On lui doit un Lexicon antiquitatum romanarum, Leeuwarden, 1713, 2 vol. in-fol. (abrégé par Barral en français, 1766, 3 v. in-8), ouvrage classique pour cette matière, ainsi que des éditions estimées de Quinte-Curce, 1685-93; de Solin, 1689 ; de Suétone, 1690: d’Aurelius Victor, 1696.

PÎTRES. V. PISTES.

PITT (William), lord Chatham, l'un des plus grands hommes d'État de l'Angleterre, né en 1708 à Westminster, mort en 1778, était petit-fils de Thomas Pitt, gouverneur de Madras. Il suivit d'abord la carrière militaire; contraint par sa santé de l'abandonner, il étudia les lois, et se forma en même temps à l'éloquence par la lecture des grands modèles de l'antiquité. Il fut nommé membre du parlement en 1735,et se plaça dès son début au premier rang des orateurs et des hommes politiques. Il combattit énergiquement le ministère de Robert Walpole, et contribua puissamment à le renverser (1743). Trois ans après (1746), il fut nommé par Georges II vice-trésorier d'Irlande, puis conseiller privé et payeur général des troupes; mais il se démit de tous ses emplois en 1755, afin de combattre librement des actes qu'il désapprouvait. Il rentra un instant au pouvoir en 1756 avec le titre de secrétaire d’État, et fut peu de mois après placé à la tête du ministère de coalition, dans lequel se trouvaient avec lui Fox et lord Newcastle. Ici commence la glorieuse période de son administration. Il réorganisa les finances, assura par de sages mesures les succès des armes anglaises contre la France, en Allemagne et en Amérique, et rétablit la prospérité publique; mais, à l'avénement de Georges III, il perdit de son crédit, et, n'ayant pu faire adopter les mesures énergiques qu'il avait proposées contre l'Espagne à la suite du pacte de famille, il se retira (1761). Il fut rappelé en 1766, et reçut à la même époque le titre de comte de Chatham, avec la pairie. Chargé de former un nouveau ministère, il n'y admit que des hommes d'un talent reconnu, et ne réserva pour lui-même que le titre de garde des sceaux; mais, accablé d'infirmités, il ne pouvait déjà plus prendre une part très-active à l'administration; il la quitta définitivement en 1768. Néanmoins il ne cessa de suivre les affaires avec le plus vif intérêt, et combattit avec force à la tribune toutes les mesures qui lui paraissaient contraires à la justice ou à l'honneur national. En 1778, déjà près de mourir,il se fit transporter au Parlement pour protester contre la proposition de reconnaître l'indépendance des Américains; mais, après un premier discours, les forces lui manquèrent, et il fallut l'emporter; il expira peu de jours après. Il fut inhumé à Westminster, où le Parlement lui fit ériger un monument. Pitt n'avait de rival à la tribune que Fox : si cet orateur l'égalait en véhémence, il restait bien en arrière pour la correction du style et la beauté de la forme. Pitt a laissé, outre ses discours, quelques petits poëmes, des Lettres à son neveu (lord Camelford), publiées en 1804, et une Correspondance étendue, publiée en 1838. F. Thackeray a donné l’Hist. du comte de Chatham, 1827.

PITT (William), 2e fils du préc. né en 1759 à Hayes, dans le comté de Kent, entra à la Chambre des Communes en 1781, y combattit les ministres North et Rockingham, fut appelé dès l'année suivante, quoique n'ayant que 23 ans, au ministère que venait de quitter Charles Fox, fils du 1er Fox, et y remplit les fonctions de chancelier de l'échiquier : fut renversé en 1783 avec ses collègues, rentra dans l'opposition et fit échouer le bill indien de Fox, mais fut rappelé dès la fin de cette même année avec le titre de 1er lord de la trésorerie, chancelier de l'échiquier. Commençant son administration par un coup d'état, il brisa une majorité hostile en faisant prononcer la dissolution du Parlement; il obtint par d'habiles manœuvres une majorité favorable, remplit le trésor vide, régularisa la dette, réprima la contrebande, mit des taxes sur le luxe, fit de grandes économies, établit le fonds annuel d'amortissement, puis formula son célèbre bill indien, regardé par ses admirateurs comme un chef-d'œuvre de sagesse et de politique. Héritier de la haine de son père pour la France, il fit conclure contre elle en 1788 la triple alliance de l'Angleterre, de la Prusse et des Provinces-Unies, y fomenta en 1789, 90, 91 les troubles civils, rompit ouvertement avec la République en 1793, et ne cessa depuis cette époque de faire la guerre à la France et de lui susciter des ennemis. Il ne put cependant empêcher les succès des armes françaises sur le continent, eut même beaucoup de peine à réprimer les troubles intérieurs de la Grande-Bretagne, le soulèvement de l'Irlande, la révolte des marins, et ne réussit qu'à obérer sa nation, en lui faisant contracter une dette énorme pour soutenir les frais d'une guerre européenne : enfin, après huit ans de lutte, se voyant abandonné des puissances continentales, qui déjà avaient signé le traité de Lunéville (1801), il fut contraint de se retirer et fut remplacé par Addington, qui signa la paix d'Amiens (1802). La paix ayant été rompue peu de mois après, Pitt redevint ministre : il forma une 3e coalition contre la France, mais sans avoir plus de succès : il put voir la campagne d'Austerlitz, la paix de Presbourg (1805), et mourut en 1806, ayant totalement échoué dans la tâche qu'il s'était imposée, laissant la France maîtresse de la moitié de l'Europe et l'Angleterre au milieu d'une crise effroyable. Malgré les fautes de Pitt, son talent administratif, sa finesse, son éloquence, son patriotisme, sa probité pécuniaire n'en