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en espagnol Zaragoza, anc. capit. de l'Aragon, auj. ch.-l. de l'intend. de Saragosse, sur l'Èbre, à 28 kil. N. E. de Madrid; 50 000 hab. Archevêché, cour d'appel, université, plusieurs colléges, séminaire, académie des beaux-arts, bibliothèque. Belle cathédrale, fameuse église Notre-Dame del Pilar, renfermant une image de la Vierge qui attire beaucoup de pèlerins; tour penchée, dite Torre Nueva; beau pont, chemin de fer. Scieries, draps fins, vins et eaux-de-vie. Beaux environs ; pâturages renommés. — Saragosse fut, dit-on, fondée par les Phéniciens; les Romains l'agrandirent et l'embellirent; Auguste y établit une colonie de vétérans, lui donna le nom de Cæsarea Augusta (dont Saragosse n'est qu'une corruption), et en fit une des premières villes de la Tarraconaise. Les Suèves s'en emparèrent en 452, les Goths en 470 et les Sarrasins en 712. En 1014, elle devint la capitale d'un petit État maure; en 1118, Alphonse, roi d'Aragon, la reprit après un long siége. Après la mort du roi d'Espagne Charles II, Saragosse prit parti pour l'archiduc Charles, qui battit Philippe V sous ses murs en 1710. Cette ville soutint contre les Français en 1808 et 1809 deux siéges fameux par l'héroïque défense des habitants (V. PALAFOX). — L'intend. de S., entre celles de Huesca au N. E., de Tarragone à l'E., de Castellon au S. E., de Téruel au S., de Soria et de Logrono à l'O. et de Pampelune au N. O., a 225 kil. sur 90, et 350 000 h.

SARAJEVO, v. de Turquie. V. BOSNA-SÉRAÏ.

SARAMON, ch.-l. de cant. (Gers), sur la Gimone, à 22 kil. S. E. d'Auch; 1299 hab. Ville fort ancienne.

SARAOUAN, prov. du Béloutchistan, entre le Kaboul au N., le Katch-Gandava à l'E., le Djalaouan au S., le Mékran au S. O. : 380 kil. sur 150; ch.-l., Kélat. Élève de chameaux, moutons et chèvres.

SARATOGA, v. des États-Unis (New-York), à260k. N. de New-York ; 4000 hab. Eaux minérales en grande vogue, efficaces surtout dans les maladies du foie et des intestins. Le général anglais Burgoyne fut battu près delà, le 17 oct. 1777, par le gén. américain Gates.

SARATOV, v. de la Russie d'Europe, ch.-l. du gouvt de Saratov, sur la r. dr. du Volga, à 1590 k. S. E. de St-Pétersbourg; 44 000 h. Évêché grec, cour civile et criminelle. Gymnase et jardin botanique. Ville très-commerçante, centre des échanges entre Moscou et Astrakan; foire de chevaux. Aux env., mines d'alun, culture du mûrier. — Bâtie en 1594 sur la r. g. du Volga, elle fut presque détruite en 1774 par un incendie et reconstruite sur la r. dr. du fleuve. — Le gouvt de Saratov, entre ceux de Penza et de Simbirsk au N., d'Orenbourg à l'E., d'Astrakhan au S., des Cosaques du Don, de Voronéje et de Tambov à l'O., a env. 600 kil. en long et en large et 1 500 000 hab. Le sol est très-fertile au N. E.; dans la partie du S. E. sont des steppes immenses. Outre le Volga, fleuve principal, on y remarque les deux Ouzen, l'Irgiz, le Khoper et le lac Altan, qui fournit par an 180 000 000 de kilogr. de sel.

SARAZIN (Jacq.), sculpteur, né à Noyon en 1590, m. en 1660, passa 18 ans à Rome où il reçut les conseils du Dominiquin et gagna la protection du cardinal Aldobrandini, obtint à son retour la faveur de Richelieu qui l'employa, devint gendre de Vouet, et eut grande part à l'établissement de l'Académie de peinture, où il entra dès la fondation (1655) et dont il fut le premier recteur. On remarque parmi ses œuvres Atlas et Polyphème, à Rome ; S. Jean et S. Bruno, à Lyon ; les Quatre anges de l'Église à St-Nicolas-des-Champs, à Paris; le Mausolée du cardinal de Bérulle, à l'Oratoire de Paris. Son chef-d'œuvre est le monument de H. de Bourbon, qui représentait la Religion, la Justice, la Piété, la Force, avec 14 bas-reliefs en bronze, et qui se trouvait dans l'église des Jésuites de la rue St-Antoine. Ce maître unissait le naturel au grandiose, l'élégance à la sévérité.

SARAZIN, poëte. V. SARRASIN.

SARBIEVIUS (Casimir SARBIEWSKI, en latin), poëte latin moderne, né en 1695 dans le duché de Masovie (Pologne), entra chez les Jésuites et fut professeur au collège de Wilna. Il réussit surtout dans le genre lyrique et composa 4 livres d’Odes qui l'ont fait surnommer par ses compatriotes l’Horace polonais. Pendant un voyage à Rome, sous le pontificat d'Urbain VIII, il fut chargé de revoir les hymnes du Bréviaire. La meilleure édition de ses poésies est celle de Barbou, Paris, 1791, in-12.

SARDAIGNE, Ichnusa, puis Sardinia chez les anciens, grande île de la Méditerranée, au S. de la Corse, dont elle est séparée par le détroit de Bonifacio, fait partie des anciens États sardes, qui avaient tiré de là le nom de Royaume de Sardaigne ; elle a env. 270 kil. du N. au S., sur 115 de moyenne largeur, et 550 000 hab. ; capit., Cagliari (Pour la division administrative, V. ci-après ÉTATS SARDES). La Sardaigne est hérissée de hautes montagnes, dont les principales sont le Gennargentu (Janua Argenti), au centre, et le Limbosa, au N. : le Tirsi ou riv. d'Oristano est le principal cours d'eau. Le climat de l'île, sain dans les montagnes, est moins salubre dans les parties basses et humides; le sol est très-fertile, surtout en céréales, ce qui faisait jadis nommer cette île la nourrice de Rome, mais l'agriculture est arriérée; la pêche y est très-abondante. On trouve dans l'île beaucoup de mines (fer, plomb, houille, anthracite, cuivre, marbres, basalte, améthystes, sardoines, etc.). L'industrie est faible, le commerce très-borné. En général, le Sarde est très-pauvre. — La Sardaigne était appelée par les Grecs Sandaliotis ou Ichnusa, d'après sa forme assez semblable à celle d'une sandale ou d'un pied. Elle semble avoir été peuplée, partie par les Ibères, partie par les Pélasges, les Étrusques et les Phéniciens; elle reçut ensuite quelques colonies grecques. Les Carthaginois s'y introduisirent en 512 av. J.-C. et y dominèrent jusqu'au milieu du IIIe s. av. notre ère; Rome y mit le pied dès 259 av. J.-C., et finit par l'enlever aux Carthaginois (en 238, après la guerre des Mercenaires). Genséric en devint maître vers 436 de J.-C. Les Grecs, qui la reprirent sur les Vandales, ne purent la défendre contre les Arabes d'Espagne, qui s'y établirent de bonne heure. Aidés de Pise et de Gênes, les indigènes se débarrassèrent des infidèles en 1022. L'île fut alors partagée en quatre judicatures indépendantes : Arborée ou Oristano à l'O., Oléastro à l'E., Gallura au N. E., et Torrès au N. O. ; mais bientôt la Sardaigne tomba sous le joug des deux républiques de Pise et de Gênes, qui, en 1175, se la partagèrent sous la médiation du pape. Frédéric II en investit son fils Enzio (1239), mais, après la chute des Hohenstaufen, Pise en redevint maîtresse (1258). Jacques II le Juste, roi d'Aragon, la conquit sur Pise en 1297, et depuis ce temps jusqu'à 1714 elle fit partie de la couronne d'Aragon, puis de l'Espagne. Le traité de Rastadt la donna en 1714 à l'Autriche, mais celle-ci la céda dès 1720 au duc de Savoie, Victor-Amédée II, qui prit alors le titre de roi de Sardaigne. Dépouillés de leurs États de terre ferme par la France, les rois de Sardaigne Charles-Emmanuel et Victor-Emmanuel se réfugièrent dans cette île et y résidèrent de 1798 à 1814.

SARDAIGNE (Royaume de). V. SARDES (ÉTATS).

SARDANAPALE, dit aussi Tonos-Concoleros, dernier souverain du 1er empire d'Assyrie, régna de 797 à 759 av. J.-C., ou, selon quelques-uns, de 836 à 817, et vécut dans le luxe et la mollesse, négligeant les soins du gouvernement. Arbacès, prince mède, et Bélésis, prince chaldéen, soulevèrent contre lui les Mèdes, les Perses et les Babyloniens. Alors Sardanapale quitta sa vie voluptueuse et prit les armes : il gagna d'abord une bataille sur les rebelles, mais il fut vaincu dans une seconde rencontre, et se retira dans Ninive où il se défendit pendant plus de deux ans. Un débordement du Tigre ayant ouvert aux assiégeants une large brèche dans les murs de la ville, il reconnut l'impossibilité de résister plus longtemps. Toutefois, ne voulant pas tomber vivant entre les mains de ses ennemis, il fit élever dans une des cours de son