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la r. dr. de la Seine; 500 hab. Aspect pittoresque; 2 châteaux en ruines, l'un qui fut jadis la résidence des comtes de Tancarville, l'autre bâti au XVIIIe s. par le financier Law.

TANCARVILLE (Jean, vicomte de MELUN, comte de), prit part à la conquête de la Prusse par les Chevaliers Teutoniques, combattit les Maures en Espagne, les Anglais dans l'Angoumois et la Normandie, fut nommé par le roi Jean grand chambellan et grand maître de France, négocia le mariage de Philippe (plus tard duc de Bourgogne) avec l'héritière de Flandre, fut pris à la bataille de Poitiers (1356), recouvra la liberté en 1358, contint par sa présence à Paris le parti de Marcel et de Charles le Mauvais et eut grande part à la paix de Brétigny (1360). Il conserva son crédit sous Charles V, et mourut en 1382, gouverneur de Champagne, de Bourgogne et de Languedoc.

TANCRÈDE, prince sicilien, célèbre dans les croisades, petit-fils par sa mère de Tancrède de Hauteville, était neveu de Robert Guiscard et cousin de Boémond de Tarente. Il partit avec ce dernier pour la 1re croisade (1096) à la tête des Normands de la Sicile, battit les Grecs au passage au Vardari, eut grande part à la prise de Tarse, et disputa la possession de cette ville à Baudoin, avec lequel il en vint aux mains; se signala aux siéges d'Antioche et de Jérusalem, planta le premier son étendard sur les murs de la ville sainte, fonda la principauté de Galilée ou de Tibériade (1099), la résigna en 1100, lors de l'avénement de Baudouin I, son ennemi, au trône de Jérusalem, et ne la reprit qu'en 1109 ; administra la principauté d'Antioche pendant l'absence de Boémond (1104-1111), fut également chargé d'administrer le comté d'Édesse pendant la captivité de Baudouin du Bourg (1104-1110), mais ne le rendit que par force. Il mourut à Antioche en 1112. Tancrède est un des héros les plus brillants de la Jérusalem délivrée ; mais le poëte a beaucoup embelli son caractère. Sa Vie (Gesta Tancredi), écrite par Raoul de Caen, a été traduite dans la collection Guizot.

TANCRÈDE, comte de Lecce, fils naturel du duc de Pouille Roger, et petit-fils du roi Roger I, fut mis en prison par Guillaume I, son oncle, qui craignait qu'il ne lui disputât le trône, mais s'échappa et s'enfuit à Constantinople. A la mort de Guillaume II, qui l'avait traité en bon parent, il se fit proclamer roi par les Siciliens (1189), mais le trône lui fut disputé par sa tante Constance, fille de Roger II, et il se vit bientôt attaqué par Henri VI (époux de Constance). Après des succès variés, il mourut en 1194, laissant le trône à un fils en bas âge, Guillaume III, qui le perdit la même année.

TANDJAOUR ou TANJORE, v. forte de l'Inde anglaise (Madras), près de Kaveri, à 360 kil. S. O. de Madras; 30 000 h. Très-forte ville : deux citadelles ; collége jadis célèbre; beau temple hindou, beau palais d'un radjah, tributaire des Anglais. — Jadis ch.-l. d'un petit État soumis au nabab du Karnatic, que les Anglais dépouillèrent dès 1773 ; toutefois cet État ne fut définitivement réuni qu'en 1855, à la mort du dernier radjah.

TANGANIKA, lac récemment découvert en Afrique, à 600m au-dessus de la mer, par 27° long. E. et 3°-8° lat. S., a env. 400k. de long sur 50 de large.

TANGER, Tingis, v. et port de l'empire de Maroc (roy. de Fez), sur une hauteur près de la baie de Tanger (entrée occid. du détroit de Gibraltar), à 200 kil. N. de Fez; 10 000 hab. Fort, batterie; grand château délabré; bel extérieur, mais rues étroites et sales. Commerce assez important. Consulats européens. — Tingis, ville antérieure à la domination romaine, avait été, disait-on, fondée par Antée, ou plutôt par les Carthaginois. Devenue importante sous les Romains, elle fut nommée par Claude Traducta Julia et devint alors le ch.-l. de la Mauritanie Tingitane. Elle passa ensuite aux Visigoths d'Espagne, aux Arabes, à diverses dynasties maures et enfin aux Portugais (1472). Alphonse VI la céda comme dot de Catherine, sa sœur, au roi d'Angleterre Charles II (1662); mais les Anglais l'abandonnèrent en 1684, après avoir fait sauter le môle qui abritait le port. Les Marocains s'en emparèrent alors. Tanger a été bombardée par les Français le 6 août 1844.

TANINGES, ch.-l. de c. (Hte-Savoie), à 13 k. N. E. de Bonneville; 2825 h. Anc. couvent de Melan.

TANIS ou AVARIS, auj. Samnah ou Sân, v. très-ancienne de l'Égypte-Inf., dans le petit Delta, au N. E., donna son nom au nome Tanite et à la branche Tanitique du Nil, qui était le 6e bras du Nil en partant de l'O. Cette ville était au temps de Moïse la résidence d'une dynastie de Pharaons. Plus tard, elle devint ch.-l. de nome, puis fit partie de l'Augustamnique et eut titre d'évêché.

TANLAY, bg du dép. de l'Yonne, à 8 kil. E. de Tonnerre; 650 hab. Anc. titre de marquisat. Château du XVIe s., construit par le surintendant d'Émery, et dans lequel les Coligny et le prince de Condé se liguèrent contre Catherine de Médicis. Station.

TANNAY, ch.-l. de cant. (Nièvre), sur la r. g. de l'Yonne, à 15 k. S. S. E. de Clamcey; 1394 h. Forges.

TANNEGUI DU CHÂTEL, vaillant capitaine du XVe s., d'une famille de Bretagne connue dès le XIIIe s., suivit Louis d'Anjou lorsqu'il tenta de reconquérir le roy. de Naples, prit parti, à son retour, pour les Armagnacs contre les Bourguignons, fut nommé par le Dauphin (Charles VII) maréchal de Guyenne et prévôt de Paris (1413), et sauva ce prince des mains des Bourguignons, lors de leur entrée à Paris (1416). On l'accuse d'avoir eu la plus grande part au meurtre de Jean sans Peur dans l'entrevue de Montereau (1419). Comblé de biens et de dignités par Charles VII devenu roi, il excita la jalousie et se retira en Provence, où il mourut en 1449, âgé d'env. 80 ans.

TANNENBERG, vge de Prusse (Brandebourg), dans le cercle de Potsdam, près de Teltow. Vladislas V, roi de Pologne, y défit les Chevaliers Teutoniques en 1410 : le grand maître périt dans ce combat.

TANSILLO (Louis), poëte italien, né vers 1510 à Venosa, m. en 1568, S'attacha au duc de Tolède, gouverneur de Naples, et à son fils, don Garcia, accompagna ce jeune prince dans l'expédition dirigée par Charles-Quint contre Tunis, et se signala par sa bravoure en même temps qu'il savait distraire ses compagnons d'armes par d'ingénieuses compositions. Ses œuvres se distinguent par la pureté et l'harmonie du style. On y remarque : Il Vendemmiatore, Naples, 1534, allégorie licencieuse (trad. par Mercier sous le titre Jardin d'Amour ou le Vendangeur, 1798); le Lagrime di san Pietro, œuvre d'édification entreprise pour effacer le tort de la pièce précédente, 1585; la Balia (la Nourrice); Il Podere (la Ferme), poëmes qui ne furent publiés que longtemps après sa mort, et un recueil de Sonnets et de Canzoni. Les admirateurs de Tansillo l'égalent à Pétrarque et à Bembo. Malherbe l'a quelquefois imité.

TANTAH, v. de la Basse-Égypte, à 90 k. N. N. O. du Caire et à 36 k. N. de Menouf ; 4000 h. Superbe mosquée de Seid-Ahmed-el-Bedaoui, but de pèlerinage.

TANTALE, roi de Sipyle en Méonie (Bydie). fils de Tmole, fut père de Brontée, de Pélops et de Niobé. Il se rendit odieux à Jupiter par le rapt de Ganymède, par l'audace qu'il eut de voler du nectar et de l'ambrosie pour en faire goûter aux mortels, enfin par l'horrible épreuve qu'il osa faire de la science des dieux, invités à sa table, en leur servant les membres de son propre fils Pélops, coupé en morceaux. Jupiter le précipita dans le Tartare et le condamna à être sans cesse en proie à une faim et à une soif dévorantes : on le représente au milieu d'un fleuve dont l'eau échappe à ses lèvres sitôt qu'il veut l'y porter et sous des arbres fruitiers dont les branches se soulèvent sitôt qu'il veut en toucher les fruits. Quelques-uns pensent que le crime de Tantale est d'avoir voulu faire aux dieux le sacrifice barbare de son fils.

TANUCCI (Bernard, marquis de), homme, d’État, né en 1698 à Stia en Toscane, m. en 1783, suivit