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du temps de Charlemagne. Cet archevêché acquit insensiblement la supériorité territoriale après l'extinction de la maison de Saxe; son titulaire fut élevé par l'emp. Othon III, vers la fin du Xe s., à la dignité d’électeur, que conservèrent ses successeurs ; il était en outre Archichancelier de l'Empire dans les Gaules. Ses domaines étaient compris dans le cercle du Bas-Rhin et avaient pour bornes le duché de Luxembourg à l'O., celui de Lorraine au S., Cologne au N., la Hesse-Rheinfels et Nassau à l'E. ; on y remarquait, outre Trèves, Sarrebourg, Berncastel, Coblentz, Ehrenbreitstein, Münster, Wesel, etc. L'archevêché avait pour suffragants les évêchés de Metz, Toul et Verdun. L'archevêché de Trêves fut sécularisé en 1801, et réparti entre les dép. français de la Sarre, de Rhin-et-Moselle, du Mont-Tonnerre. Il appartient à la Prusse depuis 1815. Quelques portions a l'E. du Rhin avaient été données en 1803 au duché de Nassau, qui les a conservées depuis.

TRÈVES, ch.-l. de c. (Gard), à 40 k. N. O. du Vigan; 519 hab. Mine de houille.

TREVIÈRES, ch.-l. de c. (Calvados), à 18 k. N. O. de Bayeux; 1160 hab. Bestiaux, suif, beurre.

TRÉVISANE (Marche), une des provinces de l'anc. État vénitien en Terre-Ferme, à l'O. de l'Istrie et au S. du Tyrol, du Trévisan, du Feltrin, du Bellunais et du Cadorin. Elle répond à peu près à la délégation de Trévise dans la Vénétie.

TREVISANI (Franc.), peintre, né en 1656 à Capo-d'Istria, m. en 1746, fut élève du Zanchi. Il réussissait également dans l'histoire, le paysage et le portrait et imitait admirablement toutes les manières, notamment celle de Paul Véronèse, du Corrège et du Parmesan. Clément XI lui confia la décoration d'une partie de la coupole du dôme d'Urbin. Son chef-d'œuvre est un Crucifiement, de petite dimension, qu'on voit à Forli. Le Louvre possède de cet artiste la Vierge couvrant d'une draperie l'Enfant Jésus endormi ; Jésus assis sur une table montrant à sa mère une grenadille (symbole mystérieux de la passion). — Son frère, Angiolo Tr., resta toujours à Venise, y devint un des premiers artistes de cette école, et fut sans rival dans le portrait.

TRÉVISE, Tarvisium, ville du roy. d'Italie (Vénétie), chef-l. de province, sur le Sile, à 30 kil. N. de Venise; 18 000 hab. Évêché, anc. université, transférée à Padoue ; académie des Perseveranti et des Solleciti. Chemin de fer ; beaucoup d'églises et de couvents, plusieurs beaux hôtels, théâtre. Toiles et tissus divers, faïence, ustensiles en métal, coutellerie, soieries. Trévise a vu naître Totila, roi des Goths, et le pape Benoît XI. — Cette ville est très-ancienne : c'était un municipe sous les Romains. Les Goths la possédèrent de bonne heure. Aux XIIIe et XIVe s., elle fut prise par les Hongrois ; elle appartint dans la suite aux maisons de Carrare et della Scala. En 1388, elle se soumit à Venise, dont elle a depuis suivi le sort. Prise par les Français en 1797, donnée à l'Autriche en 1801, jointe au royaume d'Italie en 1805, elle fut 9 ans ch.-l. du dép. italien du Tagliamento. — La province de Trévise, entre celles d'Udine à l'E., de Vicence à l'O., de Venise et de Padoue au S., de Bellune au N., a env. 70 kil. sur 60 et 280 000 hab. Elle répond à peu près à l'anc. Marche trévisane. C'est une vaste plaine, très-fertile; le climat en est très-doux.

TRÉVISE (MORTIER, duc de). V. MORTIER.

TRÉVOUX, Trivultium, Trivortium ou Trivium, ch.-l. d'arr. (Ain), sur la r. g. de la Saône, à 52 k. S. O. de Bourg; 2794 hab. Trib. de 1re inst., bibliothèque; chemin de fer. La ville est bâtie en amphithéâtre; on y remarque les ruines d'un vieux château ; un beau pont (achevé en 1850), le quai de la Saône, l'anc. palais du gouvernement, l'anc. hôtel de la monnaie, et l’Argue, établissement pour l'affinage, le tirage et le battage de l'or et de l'argent. — Trévoux existait du temps des Romains, et tirait son nom de trois routes qui s'y croisaient; Septime-Sévère battit Albinus dans ses environs (198). Trévoux devint au moyen âge la capitale de la principauté de Dombes, qui, après avoir fait partie du roy. de Bourgogne, s'en détacha dès l'an 1032, et forma une petite souveraineté indépendante que possédèrent successivement les sires de Villars, les seigneurs de Thoires, et enfin des princes de Bourbon (Louis de Bourbon l'ayant achetée en 1402 du dernier sire de Thoires). François I y institua en 1535 un parlement. — Louis Aug. de Bourbon, prince de Dombes, établit à Trévoux en 1695 une imprimerie importante, qui rivalisa avec celles de Hollande; les Jésuites y fondèrent, avec l'aide de ce prince, un journal littéraire célèbre connu sous le nom de Mémoires de Trévoux, qui commença à paraître en 1701 (il compta parmi ses rédacteurs les PP. Le Tellier, Buffier, Tournemine, Du Cerceau, Catrou, Bougeant, Castel, Berthier) ; ils y donnèrent aussi le fameux Dictionnaire de Trévoux, 1704, 3 vol. in-fol.

TRÉZEL (le général), né en 1785, m. en 1860, fit avec distinction les campagnes de l'Empire et fut promu général de brigade après la bat. de Waterloo, où il avait perdu un œil. Envoyé en Afrique en 1833, il occupa Bougie, malgré une vive résistance. En 1835, il eut à soutenir, sur la Macta, un combat inégal avec moins de 3000 hommes contre toutes les forces d'Abd-el-Kader, et fit une retraite honorable. Fait lieutenant général en 1837, il devint en 1847 ministre de la guerre. Mis à la retraite en 1848, il fut de 1853 à 1856 gouverneur du comte de Paris.

TRÉZÈNE, Trœzen, auj. Damala, v. d'Argolide, près de la côte E. Pitthée y régna et Hippolyte y périt.

TRIADITZA, v.de la Turquie d'Europe. V. SOPHIA.

TRIAIRES, Triarii, fantassins qui dans la légion romaine occupaient le 3e rang et ne donnaient que si les deux premiers rangs faiblissaient. Ils avaient pour armes une javeline et une épée ; ils portaient un casque, une cuirasse et le bouclier appelé Scutum.

TRIAL (Ant.), acteur, 1736-1795, débuta en 1764 au Théâtre-Italien, à Paris, dans l'emploi des Colins, et réussit surtout dans les paysans niais et les valets poltrons. Son nom désigne l'emploi de ténor comique.

TRIANON (GRAND et PETIT), V. VERSAILLES.

TRIARIUS, lieutenant de Lucullus en Asie, fut chargé, en l'absence de ce général, de la conduite de la guerre contre Mithridate, et se laissa battre en 67 av. J.-C. Il fut tué pendant la guerre civile, en combattant contre César.

TRIAUCOURT, ch.-l. de c. (Meuse), à 26 k. N. O. de Bar-le-Duc ; 844 hab. Patrie de N. E. Lemaire.

TRIBALLES, Triballi, peuple de la Thrace septentr. (auj. Bulgarie occid.), entre l'Hémus et le Danube, fut subjugué par Philippe II, roi de Macédoine.

TRIBOCCI, peuple d'origine germanique, vint s'établir en Gaule, dans le territoire des Mediomatrices, entre les Vosges et le Rhin (dép. du Bas-Rhin et partie N. du Ht-Rhin). Leurs princip. villes étaient Brucomagus (Brumath) et Argentoratum (Strasbourg).

TRIBONIEN, Tribonianus, jurisconsulte, né vers 500 à Side, en Pamphylie, fut questeur, maître des offices, consul, et enfin préfet du prétoire sous Justinien. Il reçut de cet empereur mission de réunir et de coordonner les parties éparses de l'ancienne législation, ainsi que d'extraire des commentaires des jurisconsultes ce qui s'y trouverait de plus usuel, et rédigea les 3 célèbres compilations dites les Institues, le Code, les Pandectes ou Digeste, auxquelles on doit joindre les Novelles. Pour presque toutes, Tribonien eut des collaborateurs, ce qui lui permit d'achever cet immense travail en 4 ans (530-534). On accuse ce jurisconsulte de vénalité ; il aurait, dit-on, admis ou supprimé des lois et décisions moyennant argent. Il mourut en 547, toujours en faveur.

TRIBOULET, fou en titre d'office de Louis XII et de François I, était de Blois. C'était un idiot que Louis XII avait recueilli par pitié. Il mourut en 1536. On lui a prêté nombre de bons mots qu'il paraît incapable d'avoir dits, et qu'on inventait à plaisir.