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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/501

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lomé et le Bourreau de Tanger. Ce jeune artiste, d’un talent original et vigoureux, coloriste remarquable, est mort héroïquement au combat de Buzenval (19 janvier 1871).

RÉMUSAT (Charles, comte de), écrivain et homme politique français, né à Paris en 1797 du comte de Rémusat, qui fut préfet du premier Empire, et de la comtesse Rémusat ; auteur d’un Essai sur l’éducation des femmes (voyez le Dictionnaire). Reçu avocat en 1820, il se livra à des études de philosophie, de législation et de politique, collabora de 1820 à 1830 à la Revue encyclopédique, au Globe, au Courrier français, etc. ; signa la protestation des journalistes contre les ordonnances de Juillet ; fut élu en 1830 député de la Haute-Garonne, et s’associa à la politique de Casimir Périer, son parent ; devint en 1836 sous-secrétaire d’État au ministère de l’intérieur, puis ministre de l’intérieur dans le cabinet du 1er mars 1840. Après la chute de ce cabinet, il accompagna son ami M. Thiers dans le centre gauche, et se livra de nouveau à ses travaux philosophiques et littéraires ; publia en 1842 des Essais de philosophie, ouvrage qui lui ouvrit, la même année, l’Académie des sciences morales et politiques, et bientôt après (1846) l’Académie française ; puis Abélard 1845) ; Saint Anselme de Cantorbéry (1852) ; l’Angleterre au dix-huitième siècle (1856) ; Bacon, sa vie, son temps, sa philosophie (1858) ; Politique libérale (1860) ; Channing, sa vie et ses œuvres (1861) ; une traduction du Théâtre de Schiller, de nombreux articles dans la Revue française, la Revue des Deux-Mondes, etc. Tous les écrits de M. de Rémusat sont d’un esprit fin et délicat autant qu’élevé. Après la révolution de Février il fit partie de l’Assemblée constituante et de l’Assemblée législative ; fut exilé en 1852 et ne rentra en France qu’avec ses amis politiques ; fut, au mois d’août 1871, nommé ministre des affaires étrangères par M. Thiers, qu’il suivit dans sa retraite au 24 mai 1873. Après avoir échoué à Paris le 27 avril en concurrence avec M. Barodet, ancien maire de Lyon du 4 septembre, il fut, au mois de novembre de la même année, envoyé à l’Assemblée nationale par le département de la Haute-Garonne, et y siégea au centre gauche jusqu’à sa mort (1875).

RITTER (Henri), philosophe allemand, né à Kerbst en 1791, mort en 1869, a professé la philosophie à Berlin, à Kiel et Gœttingue, et laissé des ouvrages estimés sur l’histoire de la philosophie : Histoire de la philosophie (1829-1853), qui a été en partie traduite en français (Histoire de la philosophie ancienne, traduite par M. Tissot, 4 vol. in-8, 1836 ; Histoire de la philosophie chrétienne, traduite par Trullars, 2 vol. in-8, 1843) ; Essai sur la philosophie allemande depuis Kant, 1853, etc.

ROQUEPLAN (L.-V.-Nestor), écrivain français, né à Montréal (Aude) en 1805, m. en 1870 ; était frère du peintre Camille Roqueplan (voyez le Dictionnaire). Il publia, vers la fin de la Restauration, quelques essais littéraires ; fut, à partir de 1827, rédacteur en chef du Figaro, et signa en juillet 1830 la protestation des journalistes ; fit paraître, en 1840, les Nouvelles à la main, revue spirituelle des hommes et des choses de son temps, et plus tard (1853-55) des livres humoristiques (Regain de la vie parisienne, les Coulisses de l’Opéra) ; dirigea successivement, de 1840 à 1860, les théâtres des Variétés, de l’Opéra et de l’Opéra-Comique, et fut chargé, en 1862, du feuilleton dramatique du Constitutionnel. Ses écrits et ses directions de théâtre lui ont valu la réputation d’un homme d’esprit et d’un véritable ami des arts ; et il a, en quelque sorte, caractérisé en sa personne le Parisien dans ce qu’il a de vif et d’aimable.

ROSSINI (Gioacchino-Antonio), célèbre compositeur italien, né en 1792, à Pesaro, de musiciens ambulants, mort en 1868 ; débuta à 16 ans par une symphonie, signala son génie dès 1813 par l’opéra de Tancredi, par les opéras-bouffes de l’Italiana in Algieri et de Il Turco in Italia (1814) et par les opéras de Il Barbiere di Seviglia (l816), et d’Otello (1817) ; écrivit pendant quinze ans, pour le Théâtre-Italien et pour l’Opéra français, de nombreuses partitions, qui toutes témoignent d’une facilité merveilleuse, et où l’élégance des mélodies domine sans exclure la puissance dramatique. Les principales partitions italiennes, composées pour le compte de l’impresario Barbaja, sont : la Cenerentola, la Gazza ladra (1817) ; Mose in Egitto (1818) ; la Donna del lago (1819) ; Matilde di Shabran (1821). En 1822, il épousa la prima donna de Milan, Mlle Colbrand, pour laquelle étaient écrits ses premiers rôles, et, par le concours du talent de cette cantatrice, arriva bientôt à une brillante fortune. En 1823 il composa sa dernière partition italienne, Semiramide ; puis, après un court et fructueux séjour à Vienne et à Londres, il vint s’établir à Paris (1824), où il arrangea pour l’Opéra son Maometto dans le Siége de Corinthe (1826), refondit son Moïse (1827), donna le Comte Ory (1828), et enfin Guillaume Tell (1829). Après s’être surpassé lui-même dans ce dernier chef d’œuvre, arrivé seulement à l’âge de 37 ans, en pleine possession de son génie et de sa renommée, il cessa de produire. Dans les 39 ans de sa vie qui s’écoulèrent depuis, il ne donna qu’une Messe et un Stabat (1832).

ROUGÉ (Emmanuel, vicomte de), égyptologue français, né à Paris en 1811, m. en 1873 ; s’occupa d’abord d’agriculture, puis se consacra aux études philologiques, et devint dès 1846 un des collaborateurs les plus assidus de la Revue archéologique ; fut nommé conservateur du Musée égyptien (1849), membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (1853), conseiller d’État (1854), professeur d’archéologie égyptienne an Collége de France. Son travail le plus important est une étude sur le Livre des morts ou Rituel funéraire des anciens Égyptiens (dans la Revue archéologique.)

ROUSSEAU (Théodore), peintre français, né à Paris en 1812, mort en 1867, s’est illustré comme paysagiste. Il est remarquable pour la fraîcheur et la grâce. On cite surtout ses Vues de Fontainebleau.

RUSSELL (lord John), homme d’État anglais, né à Londres en 1792, m. en 1878. Il était le troisième fils du duc de Bedford, qui l’envoya terminer ses études à la seule Université libérale des trois royaumes, l’Université d’Édimbourg. Il partit à 17 ans pour visiter l’Europe. Élu, à sa majorité, membre de la Chambre des communes, il proposa plusieurs fois un projet de réforme électorale, dont il fit un projet de loi, quand il fut ministre en 1870, mais qui, repoussé par la Chambre des lords, ne passa que par l’intervention directe du roi Guillaume IV. Il fut depuis cette époque le chef du parti libéral à la Chambre des communes, attacha son nom à la grande réforme économique qui assura le triomphe de la liberté commerciale (1846), et signa en 1860 le traité de commerce avec la France. En 1861 il fut élu à la pairie sous le nom de comte Russell, et, à la mort de lord Palmerston (oct. 1865), devint chef du cabinet. Il a laissé plusieurs écrits, parmi lesquels on remarque une Vie de William Russell, un Essai sur la Constitution anglaise et un livre Sur les causes de la Révolution française.

SAINTE-BEUVE (Charles-Augustin), littérateur français, né à Boulogne-sur-Mer en 1804, mort en 1869. Il étudia la médecine, mais la quitta bientôt pour se livrer à la littérature. Il y débuta par des articles de critique au journal le Globe et par un excellent Tableau de la poésie française au XVIe siècle (1828), plusieurs fois réimprimé. Il s’essaya avec moins de succès dans la poésie (Poésies de Joseph Delorme, 1829 ; les Consolations, 1830 ; les Pensées d’août, 1838), et dans le roman (Volupté, 1834) ;