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définitif de l'empire romain en empire d'Orient et empire d'Occident après la mort de Théodose (395) ; invasion victorieuse des Barbares en Occident : Alaric en Italie; Alains, Suèves, Vandales, Burgundes, Francs, etc., en Afrique, en Espagne, en Gaule; Saxons dans la Grande-Bretagne ; toutes les provinces, hors l'Italie, sont successivement abandonnées ; enfin l'Italie elle-même est conquise et devient un royaume à part sous Odoacre, roi des Hérules (476). Rome, pendant ce temps, avait été prise plusieurs fois : par Alaric en 410; par Genséric, en 455; par Odoacre en 476. Elle eut encore à souffrir cruellement pendant la guerre que fit Théodoric aux Hérules, et pendant celle que fit Justinien aux Visigoths pour leur reprendre l'Italie; Théodoric, Bélisaire, Vitigès l'emportèrent successivement, et sa dépopulation, sa détresse s'accrurent de jour en jour.

Dans l'Italie redevenue grecque, Rome, qui n'était plus même la capitale de l'Italie (Honorius, en 404, avait transporté sa résidence à Ravenne), devint le ch.-l. d'un duché particulier (le duché de Rome), qui n'était plus qu'une des prov. de la Pentapole, et fut soumise aux exarques ; mais le délégué de l'exarque y avait en réalité moins d'autorité que le pape. Sous Léon III l'Iconoclaste, Rome et tout le duché se soulevèrent contre l'exarque à l'occasion des persécutions dirigées contre le culte des images, et formèrent, vers 730, une république indépendante de fait et gouvernée par les papes; menacée tour à tour par les empereurs de Constantinople et par les Lombards, elle demanda l'appui des rois Francs. Après la chute de l'exarchat et du royaume des Lombards, Rome, que Pépin, en 755, et Charlemagne, en 774, avaient dotée de vastes domaines (V. ci-dessus ÉTATS ROMAINS), prospéra quelque temps, sous la protection de la France. Mais sous les faibles successeurs de Charlemagne, cette protection eût été inutilement invoquée, et l'autorité des papes dans Rome fut plus d'une fois méconnue ou anéantie par des partis puissants. Au Xe s. domina la famille Marozie, qui disposa scandaleusement de la papauté, jusqu'à ce qu'Othon I vint rétablir l'ordre en comprimant les factions, 962. Cependant Rome ne cessa de s'agiter sous Othon II et III, et plus encore sous Henri II. Le mal était au comble, quand Henri III le répara violemment en faisant plier Rome sous la loi des empereurs et lui imposant des papes de son choix. La pureté régna dès lors sur le siège apostolique; mais bientôt les papes eurent à défendre contre les empereurs la liberté de l’Église et celle de l'Italie : Rome fut avec Milan l'âme des résistances. Malheureusement les papes, tout en combattant la domination des empereurs, virent souvent leur propre autorité ébranlée dans Rome : tantôt des troupes impériales, tantôt des familles puissantes ou des démagogues les expulsaient ou les réduisaient à fuir. L'emp. Henri IV, après trois sièges (1081, 82 et 83), prit Rome et en chassa Grégoire VII (1084). Pendant les querelles d'Innocent II et d'Anaclet II (1140, etc.), Arnaud de Brescia établit à Rome la république et un sénat, et la ville ne se soumit qu'en 1149; Grégoire IX s'enfuit devant Frédéric II marchant sur Rome (1241) ; en 1281, les nobles, maîtres à Rome, refusèrent d'y recevoir le pape Martin IV; en 1309, Clément V, pour s'assurer la protection de la France, transporta le siège pontifical à Avignon; en 1347, profitant de l'absence des papes, Rome rétablit la république (1347); mais cet état de choses ne dura qu'un instant (V. RIENZI). Les papes pourtant ne redevinrent pas aussitôt maîtres de Rome : ce n'est qu'en 1377 qu'eut lieu leur retour, préparé dès 1364 par le légat Albornoz. Même après leur retour, les grandes familles, notamment les Colonne et les Ursins, dominèrent plus qu'eux dans Rome jusqu'au XVIe siècle. La fin du grand schisme commença le rétablissement de leur pouvoir ; Alexandre VI, Jules II, et les deux papes Médicis (Léon X et Clément VII, 1492-1534) le consolidèrent. Dans l'intervalle, Rome fut presque prise d'assaut par Charles VII allant à la conquête de Naples (1495), et elle le fut réellement par le connétable de Bourbon en 1527. Quand la domination des Espagnols en Italie y eut enfin rétabli l'ordre, Rome prit une autre face. Déjà les papes Jules II et Léon X l'avaient embellie; leurs successeurs, et surtout Sixte-Quint, marchèrent sur leurs traces. Elle devint plus que jamais le rendez-vous des pèlerins, des voyageurs, des artistes et des savants. La Révolution française vint à la fin du XVIIIe s. troubler cette tranquillité : Berthier enleva Rome au pape et y proclama la république (1798); la paix de Lunéville (1801) la rendit à Pie VII, mais en 1808 Napoléon réunit à l'empire français Rome avec la plus grande partie de l'État ecclésiastique (le reste fut annexé au roy. d'Italie) ; il la déclara seconde ville de l'empire, en fit le ch.-l. du dép. du Tibre, et lui donna un préfet français; quand un fils lui fut né en 1811, il le proclama Roi de Rome. Les événements de 1814 ramenèrent les papes à Rome et leur rendirent le pouvoir, dont ils ont joui paisiblement jusqu'en 1848. Pie IX se vit alors forcé de fuir de Rome, qui l'année suivante s'érigea en république ; il fut rétabli par la France en 1850, et un corps d'armée française fut maintenu à Rome pour la défense du pape. Après les événements de 1860, les Italiens aspirèrent à faire de Rome la capit. du nouveau royme; par la convention du 15 sept. 1864, conclue avec Napoléon III, la capitale fut fixée à Florence ; mais le roi d'Italie profita des revers de la France pour occuper Rome (oct. 1870).

— Cette ville, depuis sa fondation, a été successivement régie par des rois (753-509 av. J.-C.), par des consuls (509-31 av. J.-C.)j par des empereurs (31 av. J.-C. — 476 ap. J.-C.), puis, après le passage des Hérules et des Goths, par des ducs dépendant des exarques de Ravenne, et enfin par les papes, qui la possèdent encore. Nous donnerons ici la liste des rois et des empereurs ; on trouve à l'article PAPES celle des souverains pontifes.

Rois.
Romulus, av. J.-C, 753 Tarquin-l'Ancien, 614
Numa Pompilius, 714 Servius Tullius, 578
Tulius Hostilius, 671 Tarquin le Superbe, 534-509
Ancus Marcius, 639


Consuls, de 509 à 29 av. J.-C. (V. L'Atlas univ.)
Empereurs.
Auguste, av. J.-C. 29 Maxime Pupien et Balbin 237
Tibère, ap. J.-C. 14
Caligula, 37 Gordien III le Pieux, 238
Claude I, 41 Philippe l’Arabe, 244
Néron, 54 Dèce, 249
Galba, 68 Gallus, Volusien et Hostilien, 251
Othon, 69
Vitellius, 69 Émilien, 253
Vespasien, 69 Valérien, 253
Titus, 79 Gallien, 260
Domitien, 81 (Les 30 tyrans).
Nerva, 96 Claude II le Gothiq., 268
Trajan, 98 Quintillus, 270
Adrien, 117 Aurélien, 270
Antonin, 138 Tacite, 275
Marc-Aurèle et Lucius Verus, 161 Florien, 276
Probus, 276
Marc-Aurèle seul, 169 Carus, 282
Commode, 180 Carin et Numérien, 284
Pertinax, 193 Dioclétien, 284-305
Didius Julianus, 193 Maximien-Hercule, 286-305
Pescennius Niger, 193-95
Albinus, 193-97 Constance Chlore,
Septime-Sévère, 193 d'abord César, 292,
Caracalla et Géta, 211 puis Auguste, 305-306
Caracalla seul, 212 Galère, César, 292,
Macrin, 217 Auguste, 305-311
Héliogabale, 218 Sévère, César, 305,
Alexandre Sévère, 222 Auguste, 306
Maximin I, 235 Maximin II, Daïa,
Les deux Gordiens, 237 César, 305, Aug. 308-313