Page:Bouilly - Léonore, ou L’Amour conjugal, 1798.djvu/10

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plus à notre aise. Vous savez ben qu’il a coutume d’y faire un voyage tous les mois, pour rendre compte de c’qui s’passe ici : il doit partir sous peu de jours, et j’vous marie le lendemain d’son départ, vous pouvez y compter. MARCELINE.

Le lendemain de son départ ; voilà qui est bien entendu ? LÉONORE, _affectant aussi un air de joie._

Le lendemain de son départ ? (_à part._) Comment sortir de ce nouvel embarras ? ROC.

Ah ça, mes enfans, vous vous aimez bien, n’est-ce pas ? Mais ça n’suffit pas en ménage : il faut encore… (_Il fait le geste de quelqu’un qui compte de l’argent._) CHANSON.

PREMIER COUPLET.

Sans un peu d’or, un peu d’aisance, Retenez bien cette leçon, Dans la misère et l’abandon On traîne une triste existence. Mais le moindre petit trésor Rend heureux, fait aimer la vie. Emplois, crédit, pouvoir, château, femme jolie : On obtient tout avec de l’or, Oh la bonne chose que l’or ! DEUXIÈME COUPLET.

Il n’est aucune jouissance Que ne procure du comptant : On satisfait dans un instant Orgueil, ambition, vengeance. Parmi les grands on prend l’essort : On se dit homme d’importance, Lorsque dans l’antichambre est l’extrait de naissance, Mais tout se couvre avec de l’or : Oh ta bonne chose que l’or ! (_Il bat son briquet et allume sa pipe._) LÉONORE.

Vous avez beau dire, maître ROC, je soutiens, moi, que l’union de deux cœurs bien assortis est la source du vrai bonheur, et que l’amour conjugal surtout…. Oh ! l’amour conjugal doit être le premier trésor qui existe sur la terre… Il en est un autre cependant qui ne me serait pas moins précieux… Mais tous mes efforts, je le vois avec douleur, ne pourront me le faire obtenir.