Page:Bouilly - Léonore, ou L’Amour conjugal, 1798.djvu/11

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ROC.

Et quel est ce trésor ? LÉONORE.

Votre confiance…. Pardonnez-moi ce petit reproche ; mais souvent je vous vois revenir des souterrains de ce château, hors d’haleine et souvent de sueur ; pourquoi…. ne me permettez-vous pas…. de vous y accompagner ? Il me seroit si doux de vous aider dans vos travaux, et de partager vos fatigues ! ROC.

Tu sais bien que j’ai les ordres les plus précis de n’laisser pénétrer qui que ce soit auprès des prisonniers d’état. MARCELINE.

C’est ben dit ; mais il y en a tant dans cette forteresse !…. vous vous tuez aussi. LÉONORE.

Elle a raison, maître ROC…. On doit faire son devoir sans doute ; (_du ton le plus tendre._) mais il est bien permis, je pense, de songer quelquefois à se ménager pour ceux qui nous aiment. (_Elle presse une de ses mains dans les siennes._) MARCELINE, _pressant contre son sein l’autre main de ROC._

À se conserver pour ses enfans. ROC, _après les avoir fixés tous les deux avec attendrissement._

Il est certain qu’je n’peux pas résister seul à tant de travaux ; et il faudra bien que le gouverneur, malgré toute sa sévérité, me permette de te conduire avec moi dans les cachots du secret…. (_Léonore laisse échapper un grand mouvement de joie._) Il en est un cependant où, malgré que j’sois ben sûr de toi, Dom Pizare ne souffrira jamais que je te conduise. MARCELINE.

N’est-ce pas celui de c’prisonnier dont vous nous parlez quelquefois ? ROC.

Justement. LÉONORE.

Il y a long-tems, je crois…. qu’il est dans ces prison ? ROC.

Deux ans passés.