Page:Bouilly - Léonore, ou L’Amour conjugal, 1798.djvu/18

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es sans parens, sans famille, songe bien que ta Marceline t’aime assez pour te tenir lieu de tout…. (_Elle s’éloigne en la regardant tendrement._) Entends-tu bien ; de tout….. oui, oui… de tout…. (_Elle sort par l’arcade ouverte, en regardant Léonore à qui elle fait des signes d’amitié, jusqu’à ce qu’elle soit tout-à-fait disparue._)



Scène VI

LÉONORE, _seule._

Quel abandon touchant ! Quel aimable candeur !…. qu’il est pénible pour moi de la tromper ainsi !…. mais tout m’y contraint, et cette ombre impénétrable dont je me couvre depuis si long-tems m’est nécessaire pour achever mon entreprise… l’achever…. le pourrai-je ?…. que d’obstacles à vaincre ! que de dangers à courir !… n’importe ; je touche au moment tant désiré de pénétrer dans les cachots secrets de cette forteresse ; tout me dit que mon époux y vit encore ; Dieu m’a donné des forces au-delà de mes espérances…. Allons, quoi qu’il puisse m’en arriver, il faut achever mon ouvrage. ROMANCE.

PREMIER COUPLET.

Qu’il m’a fallu depuis deux ans De courage et de patience ! Toujours sont des fardeaux pesans ; Nouveaux dangers, craintes, souffrances…. Ah ! je l’éprouve en ce moment, Rien dans la nature n’égale Ce feu sacré, ce sentiment De la piété conjugale. DEUXIÈME COUPLET.

Ô toi qui causes tous nos maux, Je crois le voir…. je crois t’entendre !… Oui, tu gémis dans ces cachots ; Et je ne saurois y descendre…. Ah, si par les soins que j’ai pris, Je peux franchir cet intervalle ; C’est alors que j’aurai le prix De la piété conjugale !