Page:Bouilly - Léonore, ou L’Amour conjugal, 1798.djvu/19

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Scène VII

LÉONORE, ROC. ROC. (_Il revient avec précipitation._)

FIDÉLIO ?… es-tu seul ?… Il faut que j’te parle.

LÉONORE, _sur lu devant de la scène._

Comme vous paroissez ému, maître ROC ! Le gouverneur vous auroit-il mal accueilli ? ROC.

Ben au contraire ; je n’l'ai jamais vu aussi confiant, aussi familier…. J’lui ai d’abord fait part de ton mariage avec Marceline ; il en a paru charmé, m’a fait l’éloge de ta fidélité, de ton intelligence, et m’a permis de te conduire, et ça, dès aujourd’hui, dans tous les cachots des prisonniers d’état…. LÉONORE, _réprimant un grand mouvement de j’oie._

Dès aujourd’hui !… ROC.

Oui…. et nous allons commencer par celui de c’t'inconnu dont nous parlions tantôt…. Il faut que dans une heure il soit…. LÉONORE.

Quoi donc ! ROC.

Mort…. LÉONORE, _frappée._

Mort ! ROC.

Et qu’il ne reste pas la moindre trace de son existence. LÉONORE, _avec la plus vive émotion._

Mort ; dites-vous ! ROC.

J’en ai d’abord frémi… l’gouverneur assure que l’intérêt de l’état en dépend ; qu’il y va du r’pos et d’l'honneur d’une des premières familles d’Espagne : tant y a que j’ai promis…. LÉONORE, _avec explosion._

D’assassiner ce malheureux ! ROC.

Non pas, non pas… Voici c’dont nous sommes convenues