Page:Bouilly - Léonore, ou L’Amour conjugal, 1798.djvu/20

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LÉONORE, _avec une vivacité dévorante._

Voyons…. voyous…. ROC.

Trois heures vont sonner…. LÉONORE.

Oui, dans l’instant. ROC.

Les prisonniers du p’tit pavillon vont v’nir prendre l’air, suivant l’usage… LÉONORE.

Sans doute ; eh bien ? ROC.

Mais donne-moi donc l’tems d’parler…. Nous allons profiter de c’moment-là pour descendre tous les deux, et à l’insu de qui que ce soit, dans l’endroit où est enchaîné l’prisonnier dont il s’agit. Là, sans lui dire un seul mot, et sans répondre aux questions qu’il pourra nous faire, nous nous mettrons à décombrer l’entrée d’une citerne profonde, qui se trouve sous les restes d’un vieux cachot séparé du sien. Nous ne perdrons pas une seule minute ; et sitôt notre ouvrage terminé, j’en donnerai l’signal dont je suis convenu ; nous ouvrirons la porta à laquelle se présentera un homme masqué que nous introduirons dans le souterrain… et… qui… qui achèvera le reste. LÉONORE.

Je vous entends… oui, oui…. je vous comprends. ROC.

Nous remontrons ensuite ici, et nous partagerons cette bourse. (_Il la tire de son sein._) que le gouverneur vient de me donner, et qui contient cent piastres d’or. LÉONORE, _affectant une grande joie._

Cent piastres d’or ! ROC.

J’étois bien sûr que ça t’f'roit l’même effet qu’à moi…. oui… cinquante pour chacun…. mais c’est à condition qu’i n’s'ra jamais question de rien ; j’l'ai bien promis au gouverneur ; tu connois sa sévérité, son pouvoir : songe bien qu’un seul mot nous perdroit tous les deux. LÉONORE.

Ne craignez, rien, ne craignez rien, vous dis-je… et