Page:Bouilly - Léonore, ou L’Amour conjugal, 1798.djvu/21

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soyez sûr que ce secret important…. m’intéresse autant que vous…. (_Après un moment de silence et de réflexion._) Oui, je vous accompagnerai… je suis trop fier de votre confiance… et de celle du gouverneur, pour ne pas y répondre… je n’ai pu, je l’avoue, me défendre d’un premier mouvement… ROC.

Oh ! bien naturel : je l’ai i’senti tout d’même. LÉONORE, _avec adresse, et passant familièrement un bras sur le col de ROC._

Mais, après tout, de quoi s’agit-il ?… d’ouvrir une cistern ; voilà tout… nous devons ignorer l’usage qu’on vent en faire… ROC.

C’est çà, c’est çà. LÉONORE.

Ce n’est pas à nous d’aller au-delà des ordres qu’on nous donne… et quand bien même il s’agiroit d’un crime… (_Elle frissonne_) ce que je suis loin de penser…. nous ne pouvons jamais en être les complices. ROC.

C’est c’que je m’suis dit… C’est singulier, comme ta façon d’voir les choses s’accorde toujours avec la mienne… Allons, voilà qui est bien entendu… (_lui donnant un trousseau de clefs._) Tiens, voici les clefs du p’tit pavillon : j’te r’garde dès ce moment comme un s’cond moi-même ; aussitôt que tu entendras sonner trois heures, tu ouvriras cette grille aux prisonniers ; (_Il désigne l’arcade qui est fermée._) tu viendras ensuite me r’trouver chez nous, où j’vais, en t’attendant, me précautionner des outils nécessaires pour notre travail… Allons, mon Fidélio, allons ; voilà une bonne journée qui s’prépare pour toi ; il faut en profiter, mon garçon, il faut en profiter.

(_Il sort par l’arcade à la gauche du spectateur._)



Scène VIII

LÉONORE, _seule._

Oui, oui, j’en profiterai… exécrable Pizare ! Je saurai déjouer tes complots et braver ta barbarie. AIR. (_Le mouvement en est vif et plein de force._)

Ô toi, mon unique espérance, Toi qui venges le juste et frappes le méchant,