Page:Bouilly - Léonore, ou L’Amour conjugal, 1798.djvu/37

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à pied, m’établir sous ce déguisement à la porte de ces prisons… où je suis parvenue à intéresser le geôlier ; ton persécuteur lui-même… en un mot, à devenir porte-clefs. FLORESTANT.

Et tu as pu résister à tant de fatigues ! LÉONORE.

Tu m’inspirois…. mes forces étoient inépuisables. FLORESTANT.

Supporter tant d’humiliations ! LÉONORE.

Rien n’est humiliant, quand le cœur s’en glorifie. FLORESTANT.

Jamais…. non jamais on ne poussa aussi loin l’héroïsme de l’amour. Laisse-moi… ah ! laisse-moi te contempler et t’admirer encore, (_avec douleur_) Faut-il que des momens aussi doux soient payés par tant de travaux et de peines… (_avec force._) ah ! si j’avois l’arme que t’a ravie cet inflexible geôlier ; malgré le peu de forces qui me restent, malgré le poids de ces chaînes énormes, je sens que je vendrois encore cher notre vie. (_On entend tout au fond du théâtre, le chœur suivant qui s’approche par degrés._) CHŒUR.

Vengeance ! Vengeance ! Il faut obéir promptement. LÉONORE, _avec force._

Voici notre dernier moment ! FLORESTANT.

Non, non, pour nous plus d’espérance. ENSEMBLE.

Mais en subissant le trépas, Je mourrai du moins dans tes bras. CHŒUR, _beaucoup plus rapproché._

Vengeance ! Vengeance ! FLORESTANT, LÉONORE _ensemble._

Non, non, pour nous plus d’espérance…. Mais en subissant le trépas, Je mourrai au moins dans tes bras.

(_L’orchestre exprime le tumulte la plus grand ; la porte s’ouvre, et le théâtre se remplit des personnages suivans._)