Page:Bouilly - Léonore, ou L’Amour conjugal, 1798.djvu/38

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Scène V

LES PRECEDENS, DOM FERNAND, _accompagné de sa suite_, PIZARE, _tenu par plusieurs gardes ; ROC, MARCELINE, JACQUINO, PRISONNIERS, PEUPLE, GARDES, portant des flambeaux. ROC, _accourant avec précipitation, et désignant à Dom Fernand Léonore et Florestan serrés dans les bras l’un de l’autre._

Les voilà !…. les voilà !…. Sauvez-les, seigneur, achevez mon ouvrage ! FLORESTANT.

Que vois-je !… Dom Fernand ! DOM FERNAND, _fixant Léonore et Florestan toujours dans la même attitude._

Lui-même :… oui, je viens briser vos fers et terminer vos malheurs. LÉONORE.

Ah seigneur ! votre seule présence nous fait tout oublier. (_Elle tombe aux pieds de Dom Fernand qui la relève aussitôt._) DOM FERNAND.

Relevez-vous, madame ;… vous à mes pieds ! ce seroit à moi de tomber aux vôtres, pour vous exprimer le respect qu’impriment vos vertus. FLORESTANT.

Si vous saviez ce qu’elle a fait pour moi ! DOM FERNAND.

Je sais tout : cet homme vient de m’en instruire. (_Il désigne ROC._) ROC.

Pardon si j’ai paru vous trahir un moment ; mais j’nai feint de céder à votre persécuteur que pour vous sauver plus sûrement tous les deux ; (_à Léonore, en lui remettant le pistolet qu’il lui avoit arraché, _) et si j’ai mis tant d’violence à vous arracher cette arme, (_d’un ton marqué_) c’est que je craignois, en vous la laissant ici, qu’elle n’vous donnât l’envie d’attenter à vos jours. (_À Florestan._) Ah ! j’avois besoin de les conserver, ces jours précieux, pour me consoler des maux que ce barbare m’a forcé de vous faire endure…. (_à Pizare, tirant deux bourse de sa poche._) Tiens, voilà tout l’or que tu m’as fait accepter ; j’aimois, je l’avoue, ce vil métal ; mais tu m’en as dégoûté pour jamais. (_Il jette les deux bourses aux pieds de Pizare._) DOM FERNAND, _à Pizare._

Et vous avez pu abuser à ce point de ma confiance ! vous avez pu m’annoncer la mort de cet infortuné, pour accumuler