Page:Bouilly - Léonore, ou L’Amour conjugal, 1798.djvu/39

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sur sa tête tous les tourmens que peut suggérer la vengeance !…. Ah ! que je me repens d’avoir cédé à vos conseils perfides, et que les grands sont à plaindre, quand ils sont mal environnés !… (_à ROC._) Détachez les fers de cette victime respectable…. Non, non ; donnez-moi les clefs de ses chaîne ; si peu méritées (_ROC détache de son trousseau plusieurs clefs qu’il remet à Dom Fernand._) C’est à vous, femme rare et magnanime, c’est à vous seul qu’appartient l’honneur de délivrer votre époux.

(_Léonore prend les clefs avec précipitation, et va détacher les chaînes de Florestan qui lui baise les mains, et la serre dans ses bras._) MARCELINE, _à part, pendant que Léonore déchaîne Florestan._

Qui jamais auroit cru que c’Fidélio étoit une femme ? DOM FERNAND, _à Florestan qui s’avance vers lui, soutenu par Léonore._

Florestan ? FLORESTANT.

Seigneur ? DOM FERNAND.

Combien y a-t-il que vous êtes dans ces fers ? FLORESTANT.

Je l’ignore ; les jours se confondent, pour moi, sans cesse avec les nuits, je n’ai pu les compter. DOM FERNAND.

Je prétends le savoir. ROC.

Seigneur, il doit y avoir deux ans et quelques jours. DOM FERNAND, _aux gardes qui entourent Pizare._

Qu’on enchaîne ce monstre à la place de sa victime ! (_on entraîna Pizare dans le cachot de Florestan._) Et bientôt je le ferai condamner au nom des lois, à supporter pendant le même tems, les tortures qu’inventa sa barbarie. FLORESTANT.

Ah ! sauvez-le de cet arrêt terrible… Son supplice, seigneur, seroit plus cruel que le mien : pour le supporter, il n’aura pas comme moi l’innocence. LÉONORE.

Grâce, seigneur, grâce pour lui ! DOM FERNAND.

Non, non, on peut pardonner à l’erreur de l’inexpérience… mais épargner ce monstre qui se repaissoit du plaisir barbare d’assassiner son semblable ; jamais… non jamais… (_Il prend Léonore d’une main_) Venez, modèle des épouses, honneur de votre sexe !… Ô, je veux publier par-tout ce que vous avez fait, de pareils traits consolent de rencontrer des