Page:Bouilly - Léonore, ou L’Amour conjugal, 1798.djvu/4

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d’puis queuqu’tems le pauvre garçon a ben du mal… Enfin c’est aujourd’hui qu’mon père doit fixer l’jour de mon mariage avec lui !… J’ai dans l’idée que, de tous les jours de ma vie, celui-là s’ra le plus joli… Comme nous f’rons gentiment nos affaires ! Fidélio toujours porte-clefs, avec la survivance de mon père ; et moi blanchisseuse des prisonniers ; métier où tout est gain dans ce château. PREMIER COUPLET.

Fidélio, mon doux ami, Qu’il me tarde d’être ta femme ! Fille, hélas ! ne peut qu’à demi Avouer c’qui s’passe en son âme : Mais sans rougir te caresser, Dans mes bras pouvoir te presser, Te dire a chaque instant : je t’aime….

(_Elle pousse un profond soupir et porte la main sur son cœur._)

Si le seul espoir du bonheur, De plaisir, fait battre mon cœur, Qu’est-ce donc (_bis._) que le bonheur même ? DEUXIÈME COUPLET.

Accord, fidélité, repos ; Oui, tel sera notre partage ; Et bientôt d’jolis p’tits marmots Viendront embellir not’ménage. Il me semble déjà les voir Sur nos genoux, grimper, s’asseoir, Et nous balbultier : je t’aime….

(_Elle porte encore la main à son cœur en poussant le plus tendre soupir._)

Si le seul espoir du bonheur, De plaisir, fait battre mon cœur, Qu’est ce donc (_bis._) que le bonheur même ? JACQUINO.

Si je n’ai pas ouvert ce matin cette porte deux cents fois… je ne m’appelle pas Eustache-Innocent Jacquino… (_à Marceline._) Enfin l’on peut causer. (_On frappe._) Encore !…. impossible de quitter ce maudit guichet, impossible ! (_il va ouvrir._)

MARCELINE, _à part._

Il va sans doute me parler encore de son amour, tenons-nous bien.